Les médecins résidents, en grève illimitée depuis le 28 mars, ont bravé hier l'interdit en marchant à Alger. Après avoir observé un sit-in dans l'enceinte du centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha, ils ont été des centaines à échapper à la vigilance des forces de l'ordre pour sortir dans la rue. De violents affrontements les ont opposés par la suite aux forces de l'ordre, faisant plusieurs blessés parmi eux. Encerclés par un important dispositif de sécurité, plus de 400 grévistes ont toutefois marché le long du boulevard Hassiba Ben Bouali jusqu'au siège de l'Assemblée populaire nationale (APN), exigeant de rencontrer son président, Abdelaziz Ziari. Ce dernier a fini par accéder à leur doléance et a reçu une délégation constituée de quatre médecins résidents. La réunion, selon les délégués, s'est déroulée dans une très bonne ambiance, et M. Ziari s'est proposé comme médiateur entre les parties en conflit. Les policiers ont, entre-temps, bloqué l'accès à l'hôpital Mustapha Pacha afin d'empêcher d'autres médecins résidents de rejoindre leurs confrères dans la rue. Outre les contestataires restés bloqués à l'intérieur de l'hôpital, des centaines d'autres, interdits de marcher, ont campé pendant des heures à la place du 1er Mai, bloquant le passage aux automobilistes et provoquant d'importants bouchons au niveau de la route menant vers les hauteurs d'Alger en passant par la Place Addis-Abeba. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles à la politique nationale et aux politiciens, particulièrement en direction du Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a tenu récemment des propos qualifiés de «méprisants», par le porte-parole du collectif autonome algérien, le Dr Sid Ali Merouane. «Les déclarations du Premier ministre ont provoqué l'ire de l'ensemble des médecins résidents. «Il a osé remettre en cause notre patriotisme en déclarant que nous avons tourné le dos aux citoyens algériens. L'action de contestation observée aujourd'hui est initiée pour exprimer notre colère et défendre notre dignité», a-t-il souligné, en dénonçant les nombreux agissements «démesurés» des policiers, qui «n'ont pas hésité à utiliser la force pour contenir les médecins résidents à l'intérieur de l'hôpital». Il rappelle que leurs revendications sont socioprofessionnelles et légitimes. «Nous demandons la réforme de la politique de la santé publique, en assurant de meilleures conditions de travail et un service de qualité aux citoyens», a-t-il déclaré. La démonstration de force des médecins résidents dénote leur détermination à aller jusqu'au bout. Ils affirment que la grève illimitée sera maintenue tant que les revendications soumises aux hautes instances ne sont pas prises en charge, quitte à faire une année blanche. A noter que des centaines d'étudiants en médecine ont rejoint les rangs des médecins résidents pour les soutenir dans leur action. Ils se disent, eux aussi, «concernés» par ce mouvement de protestation, puisqu'ils seront bientôt confrontés aux mêmes conditions de travail. Il y a lieu de préciser que plus de 3000 médecins résidents ont répondu à l'appel du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), en observant un rassemblement à l'hôpital Mustapha Pacha. Ils ont marché intra muros pendant toute la matinée en criant en chœur «barakat el hogra, barakat». Cette nouvelle action a été organisée, faut-il le préciser, après l'échec des négociations avec le ministère de la Santé. Les blocages portent notamment sur l'abrogation du service civil dans le cadre de la commission mixte dite des «sages».