«Nous avons réussi notre action nationale à Oran. Nous avons réuni les délégués de plusieurs wilayas pour observer un rassemblement au CHUO avant de marcher sur la wilaya pour tenir un sit-in de près d'une heure. Nous n'avons pas enregistré d'interpellations mais nous dénonçons la brutalité de la police qui a bastonné certains de nos confrères», a indiqué le Dr Merouane Sid Ali, porte-parole du Camra. Les différents accès du Centre hospitalo-universitaire d'Oran ont été bloqués par plusieurs fourgons des brigades antiémeute pour empêcher les médecins résidents de quitter l'enceinte de l'établissement et marcher sur la ville. «La marche vers la wilaya n'était pas programmée, mais c'est une initiative des délégués qui ont voulu par cette action démontrer qu'ils sont résolus à défendre leur dignité bafouée par une politique sanitaire délabrée», affirme un délégué du Camra de Tizi ouzou. Après un sit-in de près de deux heures, les médecins résidents se sont rassemblés pour une première tentative de briser le cordon des services de sécurité et entamer leur marche vers le siège de la wilaya. Le cordon de casques bleus a été très vite submergé par les marcheurs qui ont forcé les agents de l'hôpital à ouvrir le portail. Passée cette première passe d'armes entre les médecins et les policiers, la marche s'est ébranlée, avant d'être stoppée à l'entrée de l'Institut des sciences médicales par le cordon policier qui s'est reformé et a reçu des renforts. Et cette deuxième tentative de la police d'empêcher la marche a échoué. Près de 2000 médecins résidents, venus de différentes wilayas, on alors entamé leur procession vers le siège de wilaya, devant lequel se tenait un sit-in des travailleurs de l'ENCG qui protestent contre la procédure de privatisation de leur entreprise. L'important dispositif policier mis en place devant les marches du siège de la wilaya s'est contenté alors de contenir la foule de marcheurs sans tenter de la disperser. Des questions d'ordre psychologique Le Dr Remini, représentant du Camra à Oran, qui exprimera sa satisfaction de voir ses collègues réussir leur première action à Oran dira : «Nous dénonçons les tentatives de monter les citoyens contre nous. Si nous sommes mobilisés pour défendre notre dignité, nous défendons en même temps le droit du citoyen à une médecine de qualité. Nous avons montré notre détermination à défendre nos droits. Nous continuons à soutenir que le service civil est discriminatoire et qu'il traduit la faillite de la politique sanitaire du gouvernement. Nous dénonçons la violence policière et notre mobilisation ne va pas faiblir», dira-t-il. Un autre délégué fera remarquer que plusieurs bus qui devaient acheminer les marcheurs vers Oran ont été bloqués au niveau des barrages, une information que nous n'avons pas pu vérifier auprès des services de sécurité, note-t-on. Analysant le mouvement de mobilisation des médecins résidents, le porte-parole du Camra dira : «Le ministre de la santé ne peut pas fuir ses responsabilités en affirmant que notre dossier le dépasse et qu'il relève des attributions du gouvernement. Il représente notre tutelle et il doit assumer ses responsabilités jusqu'au bout». Concernant le spectre de l'année blanche qui plane sur les étudiants en médecine et en pharmacie, il fera remarquer que c'est une éventualité que les médecins résidents sont prêts à envisager. «La réunion des doyens des facultés de médecine, tenue mardi à Alger, n'a pas abouti à des résolutions. La proposition a été faite de solliciter les enseignants pour assurer les cours durant les mois de juin et de juillet, mais rien n'a encore été décidé». Evoquant les statuts généraux dont la promulgation au journal officiel aurait été annoncée pour le 12 juin prochain, il avouera : «Nous allons voir, mais ces statuts ne sont qu'un point de notre plate-forme de revendications qui en compte plusieurs. Le président de l'APN, M. Ziari, a proposé un moratoire pour le service civil et une commission parlementaire d'audit pour évaluer ce système. Nos adhérons à cette démarche, mais cela aussi ne réglera pas l'ensemble de nos problèmes qui sont également d'ordre pédagogique». Après près d'une heure devant le siège de la wilaya, les médecins résidents ont rebroussé chemin pour revenir au CHUO, dans une marche rythmée par les nombreux slogans criés, et suivie avec curiosité par de nombreux oranais.