La grève du personnel médical spécialisé dans l'anesthésie et la réanimation, entamée le 7 juin dernier se poursuit, causant des retards et des annulations importantes dans le programme chirurgical des établissements sanitaires publics. Seuls les 17 anesthésistes du CPMC ont été contraints de suspendre leur mouvement de protestation, vu la gravité de la pathologie. Ils ont été rappelés par l'administration hospitalière pour éviter des conséquences néfastes et ne pas prendre en otages les cancéreux. Cette reprise «partielle» est, selon certaines sources, un moyen pour la tutelle, au même titre que les ponctions sur salaires et les sanctions administratives, de casser le mouvement de grève. Les grévistes sont pour leur part déterminés à faire valoir leurs droits «légitimes», particulièrement celui relatif à la couverture juridique. Contacté par nos soins hier, M. Boulkhiout, anesthésiste au service de gynécologie du CHU Mustapha Pacha et délégué des anesthésistes de cet établissement, a affirmé que la grève est toujours maintenue avec un taux très important, soit de 87% à l'échelle nationale. Interrogé sur les sanctions dont ils ont été l'objet de la part de certains chefs d'établissement, il fait savoir qu'une nouvelle note a été destinée aux administrations pour lever toutes les sanctions décidées à l'encontre des grévistes. Une décision adoptée, selon lui, pour contenir la colère des contestataires «lésés dans leurs droits». Après des grèves cycliques de deux jours (mardi et mercredi) observées chaque semaine durant le mois de mai dernier, les anesthésistes ont observé une grève ouverte depuis la deuxième semaine du mois de juin, afin d'exiger le traitement de leur statut particulier et une couverture juridique. Des doléances «légitimes», car comme l'explique M.Belhadi, anesthésiste depuis 18 ans, «leur corporation travaille de manière anarchique, sans savoir exactement les tâches qui leur incombent et surtout sans couverture juridique». Il reconnaît, néanmoins, qu'ils ne peuvent pas être alignés sur les médecins anesthésistes, mais ils demandent un statut particulier leur permettant de travailler de manière légale et sortir du cadre paramédical. «Nous voulons travailler de manière réglementaire et non comme des hors-la-loi», a-t-il fait savoir. Attestant que les trois ans de formation ne sont pas suffisants pour assurer les tâches d'anesthésiste-réanimateur, il appelle à mettre en place une formation adéquate. M.Boulekhiout conforte le même point de vue. Il a souligné dans ce cadre qu'une formation approfondie est plus qu'obligatoire pour assurer une meilleure prestation de service, mais que «les réformes qui statuent sur une formation de deux ans viennent contrer ce besoin, puisqu'elles instaurent deux ans de formation uniquement, après un bac plus trois et 5 ans d'exercice en tant que paramédical». Selon lui, une formation continue de cinq ans est plus adéquate. Le syndicat annonce de prochaines actions. Un sit-in est prévu demain devant le ministère de la Santé afin d'interpeller la tutelle et dénoncer son indifférence vis-à-vis «des conditions de travail difficiles de la corporation».