A Bouzareah, un théâtre de plein air a été construit depuis une trentaine d'années mais n'a pratiquement jamais servi. C'est le plus dramatique des théâtres d'Algérie. Le maire de l'époque qui semblait avoir un penchant pour l'art avait décidé de construire un théâtre de verdure et tenait à ce que cet espace culturel soit tout prêt du centre du village. «Djenane Laribi» qui était connu pour sa verdure, ses puits et ses sources fraîches fut choisi comme sacrifice pour recevoir d'abord, des tonnes de remblai et une série de constructions illégales, illicites et anormales. Comble du sort, le théâtre de plein air de Bouzaréah sera construit sur du remblai ramené du théâtre de verdure dont les travaux de terrassement venaient de débuter au bas de l'hôtel Aurassi. Les dirigeants de l'APC de Bouzaréah de cette époque devaient savoir que des projets importants avaient été annulés car l'assiette de ce terrain était couverte de remblai et qu'il y avait de l'eau qui coulait sous ce remblai de 50 mètres de profondeur. La décision est prise et le théâtre fut construit. A ce jour, on ne sait pas quel est cet ingénieux ingénieur ou architecte qui a donné son aval pour la réalisation de ce massacre. Le drame ne s'arrêtera pas là car les enfants de cette commune connue pour ses grands artistes notamment Sfindja, Nador, Iguerbouchène, Rachid Ksentini et Hassan El Hassani, ne profiteront jamais de ce théâtre. Les boutiques qui entouraient ce beau théâtre qui fut quand même réalisé et ne vécut pratiquement que le temps de son inauguration, ne seront jamais distribuées. Les loges des artistes seront quant à elles habitées par des sinistrés. Le massacre continuera et ne s'arrêtera jamais car les APC qui se succéderont donneront des autorisations de construire illégales et un marché de fruits et légumes sera érigé juste à côté du théâtre pour couvrir les dégâts. Aujourd'hui, ce théâtre est toujours abandonné même si certains sinistrés ont été délogés. Le théâtre de verdure de Bouzareah est devenu un véritable bidonville faisant face au siège de la daïra et aux arrêts de bus. On ne sait pas si l'actuel chef de daïra dont le bureau se trouve à une trentaine de mètres de ce théâtre abandonné, pourrait trouver une solution ou fermer les yeux et attendre une quelconque mutation comme l'ont fait ses prédécesseurs. Pour terminer cette histoire tragi-comique, l'une des maisons construites tout près de ce théâtre pendant la période du terrorisme abritait la radio clandestine du parti dissous. L'humour noir des habitants de Bouzaréah les a menés à dire que le pauvre propriétaire avait été arrêté car il aimait la culture, il avait offert sa maison pour en faire une radio… mais quelle radio !