En congé depuis le début du mouvement de débrayage des transporteurs de voyageurs par bus de Tizi Ouzou, le premier magistrat de la wilaya n'a eu, semble-t-il, aucun moment pour souffler, puisqu'il a été appelé dès le premier jour de sa reprise à se saisir en personne du lourd dossier qui a fait l'actualité de la presse durant plus d'un mois. Abdelkader Bouazghi, wali de Tizi Ouzou, a reçu hier un groupe de représentants du collectif des transporteurs, composé de 10 personnes. Comme attendu, les transporteurs ont tenu à 10h hier un sit-in de protestation devant le siège de la wilaya, suite à la décision prise la veille par le collectif des transporteurs, réunie pour évaluer la situation. Près de 150 personnes ont participé à cette action pacifique, dont le but était, selon ses initiateurs, de dire «non à la délocalisation». Les protestataires ont brandi des banderoles sur lesquelles ont pouvait lire : «Halte à l'otage des voyageurs», «Halte à l'anarchie», ou encore «Rendez-nous notre gare routière». Approché par nos soins, un représentant du collectif nous a déclaré que «l'action d'aujourd'hui (hier, ndlr) s'inscrit dans la continuité de notre combat, et se veut une manière de dire au directeur des transports que vous avez totalement faussé vos calculs on croyant pouvoir nous pousser à reprendre du service au niveau de la gare Kaf Naâdja». Le même interlocuteur va plus loin dans ses déclarations en invitant le directeur à «un face-à-face» devant la presse afin que, dit-il, «chacun puisse argumenter sa position». A l'heure actuelle, «il faut dire que des transporteurs ont été intimidés par l'administration, et d'autres font objet de chantage afin qu'ils reprennent du service depuis la gare de Bouhinoune», estime le même représentant. «Il n'y a qu'un seul transporteur qui assure la navette entre la daïra de Draâ El Mizan et Tizi Ouzou, qui fait un voyage chaque matin», assure un autre représentant. Et de fustiger : «Alors que le prix de la navette de ce trajet est fixée à 50 DA, lui (le transporteur de DEM, ndlr), pratique la surenchère en obligeant les voyageurs à payer 70 DA la place, et tout cela sous les applaudissements de la direction des transports censée protéger le citoyen.» «Après M. Rezig et M. Tou au tour de M. Bouazghi» S'agissant de la réunion tenue hier avec le wali, il convient de signaler que les transporteurs ont, dans un premier temps, expliqué qu'ils n'accepteront plus de rencontre avec aucun responsable, mis à part M. Bouazghi. Ce dernier a finalement fini par inviter un groupe de dix représentants dans son bureau personnel. Même le directeur de wilaya, premier responsable du secteur, a été écarté de la réunion, contrairement à ce qui est de coutume, lorsque le wali invite ses directeurs à affronter leurs interlocuteurs devant lui. «Il nous a reçu seul sans qu'aucun autre responsable ne soit convié», a confirmé un membre de la délégation. «Etant absent durant toute la période qu'a duré le conflit, on a discuté avec lui d'une manière générale de la situation depuis le premier jour de la fermeture de la gare routière de la ville. Le wali a été très attentif à nos revendications et a soulevé tous les aspects relatifs au problème», a ajouté notre interlocuteur. Enfin il a été convenu, selon la même source, qu'une autre réunion regroupera les deux parties au courant de la semaine, et «éventuellement une sortie sur le terrain afin d'enlever toutes équivoques, et trouver un terrain d'entente». Pour lui, «les transporteurs espèrent qu'après le dialogue sans issue avec le directeur des transports de wilaya, et le ministère de tutelle, le wali puisse enfin trouver une solution allant dans le sens de l'intérêt général, des voyageurs, des transporteurs et de la wilaya». Le wali a-t-il pris personnellement en charge le dossier, après que son directeur a échoué à trouver une solution ? La question s'impose de fait, du moment que M. Rezig Kamel a été tout simplement exclu de la réunion d'hier.