Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a interpellé le président de la République pour opter pour une assemblée constituante à la rentrée sociale et ouvrir le débat sur la révision de la constitution avant de passer à l'examen des autres projets de lois. «Où sommes-nous quatre mois après l'annonce de la réforme ?», s'est interrogée Mme Hanoune à l'ouverture du débat consacré à la réforme politique, organisé à l'occasion de la tenue de l'université d'été du parti à Zéralda, soulignant l'absence de vision et de cadre global pour la concrétisation des objectifs de la réforme. Ceci a donné lieu à des contradictions flagrantes entre les instructions du président vers l'ouverture et le contenu des lois élaborées par l'exécutif. La SG du PT a dénoncé le silence du chef de l'Etat. «Le président n'a toujours pas pris une décision sur le rapport de la commission des consultations politiques. Ce silence est problématique. Il n'est pas rassurant. Il reflète la perpétuité du statu quo et de l'inertie qui empêchent la recomposition politique qui ne peut se dissocier de la recomposition économique et sociale» a-t-elle indiqué. Mme Hanoune estime que «l'installation du doute sur les promesses faites par le président lors du conseil des ministres du 2 mai dernier est mortel. «Cela voudra dire que nous avons raté une occasion de reconstruire un lien positif entre l'Etat et les citoyens», a-t-elle souligné. La SG du parti affirme que son parti a posé le sujet de la Constitution en débat dans le cadre des comités unitaires pour l'action politique «afin de connaître l'avis des citoyens sur ce projet avant d'imposer sa consécration». Des projets plus dangereux que le bisness politique Mme Hanoune n'a pas été tendre et a vivement critiqué les projets de lois objets des réformes élaborées par plusieurs départements ministériels cet été. «Ces avan-projets de loi nous préoccupent beaucoup. C'est une forme de totalitarisme. Ce sont des projets plus dangereux que la pollution et le bisness politique. Ça exprime une volonté de fermeture politique et d'isolement de la société. C'est une politique dangereuse qui mènera, sans doute, vers l'ingérence étrangère», a-t-elle souligné. La loi sur les élections constitue, selon elle, une menace sur le pluralisme politique, le programme partisane et l'élitisme. «La loi sur les élections consacre la fraude au moment où tout le monde plaide pour la surveillance des scrutins par les juges. La commission nationale de surveillance des élections alimente la corruption et n'existe que dans les pays sous-développés, les dictatures et les pays ayant une démocratie de façade. Ce projet de loi ouvre la voie libre aux «candidats privés» qui peuvent, désormais, «prétendre à un poste de députation en récoltant 400 signatures seulement et impose un diplôme supérieur aux candidats» a-t-elle expliqué. Le code de l'information a juste abrogé l'emprisonnement mais ne consacre nullement la liberté de la presse et de l'expression. La loi sur les partis veut transformer les formations politiques en des entreprises et donne lieu à une ingérence grave de l'administration en «lui donnant le pouvoir absolu de dissoudre un parti en cas de non participation à l'élection alors que l'abstention est une position politique. Elle consacre la promotion à l'intérieur des partis, ce qui va créer des conflits et des bisness et veut liquider la notion de militantisme». Louisa Hanoune a qualifié ce qui se passe en Libye de «Far West» soulignant que cette situation découle de l'incapacité des dirigeants et des régimes à s'adapter aux donnes nouvelles, ce qui a donné lieu à l'intervention étrangère. Pour elle, l'Algérie est une partie intégrante de la région et que quel que soit la forme, le délai et la durée des différentes révolutions il y a lieu de savoir que les revendications exprimées par les travailleurs reflètent la volonté de transition et de sortie des conditions imposées par le parti unique et le terrorisme.