Depuis le drame, encore vivace dans les esprits, des enfants d'El-Khroub survenu en 2005, lors d'une campagne de circoncision collective, entraînant des lésions dangereuses à sept enfants et un handicap permanent à deux autres,Yacine et Hocine, les plus affectés et qui se sont vu mutiler la verge et présentent actuellement une nécrose. Depuis ce drame, un combat est livré par ces familles. Une véritable bataille juridique a été lancée au lendemain du drame dont l'épilogue n'a été trouvé qu'au niveau de la Cour suprême en 2011. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ne cesse d'informer que l'acte de circoncision, à titre individuel ou dans le cadre d'une campagne collective, est soumis aux dispositions règlementaires en vigueur notamment l'instruction numéro 006 datée du 05 juin 2006 relative à la prise en charge des circoncisions. Dans ce cadre, l'acte de circoncision ne peut être pratiqué que par un chirurgien dans une structure sanitaire publique ou privée réunissant toutes les conditions de sécurité pour la réussite de cet acte chirurgical. Cette instruction est venue pour prévenir d'éventuels accidents ou complications qui y sont liés. Mais, en dépit de ce texte, chaque année les structures de santé sont assaillies d'enfants victimes de complications de circoncision et de parents angoissés face à d'éventuels troubles. C'est le cas des 178 enfants, victimes récemment de complications et de douleurs à l'issue d'une opération de circoncision à Sidi Bel-Abbès. Selon le Dr Abdallah, spécialiste en droit public, «une instruction ne peut pas être considérée comme une base juridique pour criminaliser l'acte et l'erreur lors des circoncisions. Il faut un texte de loi qui doit interdire cette pratique en dehors des structures sanitaires autorisé»s et prévoir des sanctions». Ainsi donc, les enfants victimes sont considérés par la loi comme des victimes d'erreurs médicales. A cet effet, il faudrait que les parents, l'Ordre des medecins et surtout les directions de santé de wilaya réagissent et assument leurs responsabilités. Les conséquences d'un travail… à la chaîne Sur un autre volet, les chirurgiens affirment que «c'est lors des campagnes de circoncision collective que ces drames sont le plus souvent enregistrés. Même si le médecin est qualifié, il ne pourra pas procéder à la circoncision de vingt, trente voire plus d'enfants à la fois !» D'après les spécialistes, ces conséquences ne peuvent être évitées si on continue à effectuer des circoncisions collectives. «La circoncision d'un grand nombre d'enfants à la fois peut se transformer en une série de gestes faits à la chaîne et donc plus risqués que des gestes accomplis à un rythme adapté et qui donnent le temps de travailler en toute tranquillité», préviennent-ils. Ce geste chirurgical, qui n'est pas anodin, peut se faire tranquillement, en dehors de toute pression, dans de très bonnes conditions tout au long de l'année, ce qui permet de minimiser au maximum les risques pour nos enfants. La DSP de Constantine met en garde Les opérations de circoncision obeissent, au niveau de la wilaya de Constantine, à des mesures strictes. Seuls 6 établissements de santé publique et 4 structures privées sont autorisés à mener l'opération, selon la DSP. Elle assure que plus de 30 chirurgiens, anesthésistes et environ une quarantaine de paramédicaux encadrent l'opération qui a débuté réellement le 17 août. Le directeur par intérim de la santé publique, le docteur Nadjib Arab, a précisé qu'une séries de mesures ont été prises pour éviter d'éventuels drames comme celui du Khroub en 2005. A cet effet, il lancera «une sévère mise en garde» à l'encontre de ceux qui effectuent ou participent à des opérations de circoncision hors des structures sanitaires désignées officiellement par les autorités compétentes de la wilaya. Des commissions de contrôle ont été installées et ont entamé des visites inopinées dans toutes les structures de santé, publiques et privées, implantées sur le territoire de la wilaya. Des amendes et même des fermetures seront prononcées contre les médecins non autorisés et, en cas de problème, le médecin risque la fermeture définitive de son cabinet en plus d'une amende. Chaque année de nouvelles victimes recensées L'instruction du ministère de la Santé n'a pas freiné l'élan des circoncisions clandestines ou non autorisées. Les chiffres sont là pour rappler qu'il faut une loi plus sèvère à l'encontre des médecins qui continuent à pratiquer cet acte dans des conditions non conformes. L'exemple des 50 cas d'enfants, dont la moyenne d'âge ne dépasse pas les 2 ans et demi, qui ont été mutilés à vie en 2008, suite à ces actes à Oran est édifiant. Aussi, les 45 cas de complications enregistrés en 2009 au niveau du CHU d'Oran l'est encore plus. Les services des urgences de la clinique infantile du CHUO ont eu à traiter pas moins de 15 cas graves d'altération de l'appareil génital après des opérations de circoncision durant le seul le mois de juillet 2010. Le bébé de deux mois décédé l'année dernière après avoir été circoncis, l'acte chirurgical ayant causé une hémorragie au nourrisson, en est un autre exemple.