La baisse de température et les coupures de courant enregistrées durant les derniers jours ont permis aux spéculateurs de fructifier leurs revenus. Devant la forte demande des habitants, notamment dans les zones néo-rurales, le prix de la bonbonne de gaz butane a oscillé entre 210 et 250 DA, selon les régions. «A Médéa, son prix a atteint 1000 DA», affirment des citoyens qui parlent de «création de points de vente clandestins». Les habitants des périphéries d'Alger et des zones rurales ont cruellement ressenti les retombées de la brutale baisse de la température. A Blida et en d'autres endroits, les citoyens qui ont subi des coupures d'électricité ont investi la rue pour crier leur mécontentement. Par endroits, les routes ont été coupées en signe de colère. Dans certains quartiers d'Alger, et bien que bénéficiant du courant, le gaz a cruellement fait défaut. Durant les trois derniers jours, ils ont souffert le martyre. La plupart des stations d'approvisionnement dans le Grand Alger ont été littéralement prises d'assaut par des centaines voire des milliers de personnes qui se sont déplacées de leurs lieux ruraux où le produit était introuvable. «Nous avons épuisé tout le stock en moins d'une heure», a indiqué un des agents pour signifier le manque du produit et les pénuries dont ont été victimes les citoyens dont les zones rurales étaient inaccessibles par route. Devant le centre d'enfûtage Naftal d'El Harrach, des centaines de personnes, des bonbonnes à la main, formaient de longues chaînes. Nous sommes accostés par des agents de cette entreprise qui nous prient de ne pas prendre de photos et de ne pas tenter de rencontrer les responsables. A quelques mètres plus loin, des camions bardés de bonbonnes de gaz sont garés sous le regard des forces de police en faction dans un barrage. Les camionneurs pourvoyeurs de gaz au profit des revendeurs nous reçoivent comme des sauveurs. «La distribution est trop lente et nous sommes forcés de passer la nuit pour être servis», fulmine un des camionneurs qui dénonce «les passe-droits et le favoritisme opérés par les distributeurs». Un vieil homme au volant de son camion parmi la grande file est en colère. «Je ne comprends pas comment on me ravitaille à raison de 175 DA la bonbonne alors que pour d'autres ils facturent à 150 DA l'unité», lance ce dernier qui indique que «la pratique de la tchipa est légion». «Certains d'entre ces camionneurs venus des zones rurales ont été obligés de passer plusieurs nuits avant que les agents de Naftal ne daignent leur servir des quantités en deçà de celles demandées», affirment des jeunes graisseurs (accompagnateurs des camionneurs) qui passent leur deuxième jour consécutif d'attente. Meftah, trois jours d'enfer Sur les lieux de cette bourgade située à l'est d'Alger, les citoyens gardent un douloureux souvenir de ces trois derniers jours d'intempéries. «La colère était très grande chez les habitants des hameaux», indique un jeune qui ajoute que «ces derniers ont subi les coupures de courant et de gaz durant trois jours». Sur les lieux, tous les habitants de cette commune ont loué les interventions des éléments de l'Armée nationale populaire (ANP) qui, indique-t-on, «ont déneigé les routes et évacué les malades et les vieilles personnes». A Djebabra (commune de Meftah), les citoyens se sont trouvés bloqués par la neige. Ces derniers ont fortement loué l'intervention des militaires. Ce n'est qu'au troisième jour que les rares points de vente de butane ont été approvisionnés. «Nous étions obligés de faire 10 km à pied dans la neige pour venir chercher le gaz car les transporteurs ne travaillaient pas», indique un jeune étudiant qui venait de se ravitailler auprès d'un point de vente. Interrogé sur le prix, ce dernier affirme que «le gaz est très demandé et forcément, le prix est revu à la hausse», devait-il affirmer pour ajouter que «le prix a été rehaussé de 10 DA, c'est-à-dire 230 DA la bombonne». Quoiqu'il en soit, et au terme d'un sondage effectué à Meftah mais également dans les périphéries d'Alger, nous avons constaté que le prix de la bonbonne varie entre 210 et 250 DA l'unité. Certaines sources nous ont indiqué que le prix a atteint 300 à 400 DA la bonbonne dans les villes côtières et à l'intérieur du pays. «La grande spéculation qui a entouré ce produit trouve son origine dans les carences prévisionnelles de l'entreprise de production (Naftal) mais également dans les aléas climatiques qui ont conduit à la fermeture des routes, rendant de multiples zones inaccessibles pour les ravitailleurs», devaient affirmer de nombreuses personnes.