«L'activité politique n'est régie par aucun code d'éthique ou de déontologie, la morale est laissée au candidat et aux partis qui ne se limitent aujourd'hui qu'à la stricte application de leurs règlements intérieurs qui ne prévoient aucune disposition pour juguler le nomadisme politique», ont indiqué des responsables de formations politiques que nous avons contactés. En effet, la fièvre des candidatures qui s'est emparée des états-majors des partis politiques ces derniers jours a suscité un débat aussi bien interne que parmi les citoyens. Des partis politiques en hibernation entre deux législatures se réveillent pour présenter des candidats ou pour cautionner des listes indépendantes, des candidats qui voyagent d'un bord à un autre sans crier gare. «C'est une pratique qui n'est pas exclusive à l'Algérie, mais ailleurs, il existe des règles de déontologie qui permettent une logique au nomadisme», dira M. Zerrouki Mohamed, président du Front national pour les libertés. Il estime que la législation algérienne ne prévoit pas de code pour organiser l'exercice de l'activité des partis. «On se limite à une loi sur les associations à caractère politique qui ne prévoit aucune disposition qui interdit ce nomadisme. Lors du débat sur le nouveau texte de loi, des députés avaient proposé des amendements prévoyant l'interdiction de ce phénomène, mais le groupe FLN avait voté contre», dira-t-il. Ce dernier ne manquera pas de citer le cas de deux ex-militants du FNA qui avaient usé de plusieurs artifices pour casser le mouvement de redressement mais qui ont fini, en constatant qu'ils n'étaient pas retenus sur les listes du parti à Oran, par rejoindre le MJD et le RNA. «Le tort n'est pas dans le retournement de veste opéré par ces deux candidats mais il incombe aux responsables de ces deux formations qui ont accepté ces ralliements de dernière minute au détriment de leurs militants», fera-t-il remarquer. Pour le RND, un responsable au niveau du bureau national fera remarquer que le parti s'appuie en premier lieu sur les compétences de la base. «Nous avons un code moral qui nous oblige à faire confiance à nos militants dans la confection des listes. Toutefois, nous pouvons accepter des ralliements puisque la loi ne l'interdit pas», avouera notre interlocuteur. Pour Youcef Hamidi, président du Parti national algérien nouvellement agréé, le choix est laissé aux électeurs. «Certes, un parti propose des listes de candidats, mais c'est aux électeurs de porter leur choix sur ceux qu'ils estiment les plus aptes à les représenter. Je crois que le nomadisme n'est pas incompatible avec les lois du pays. Un militant peut aujourd'hui être dans les rangs d'un parti et opter le lendemain pour ceux d'un autre. C'est une question de conviction, malheureusement cela ouvre la voie devant l'opportunisme politique qui peut chahuter l'exercice de l'activité des partis», dira-t-il. Pour des initiateurs de listes indépendantes, le nomadisme politique au stade des intentions de candidature ou de candidatures n'est pas dangereux. «Il s'agit plutôt d'interdire, après leur élection, aux indépendants de rallier les rangs des formations politiques qui siègent au niveau de l'APN. Cela porte atteinte à l'équilibre du Parlement et au fonctionnement de cette structure», affirment-ils. En attendant de trouver le moyen de réduire cette tendance, d'autres bruits de changement de veste se feront entendre dans les prochains jours.