Vingt formations politiques ont dénoncé lundi soir la non-prise en considération par le ministère de l'Intérieur des revendications de la commission de surveillance du scrutin législatif (CNSEL) du 10 mai. Dans un communiqué commun, rendu public, ces formations ont relevé plusieurs anomalies au niveau de la gestion des élections. Les partis concernés pointent du doigt les mauvaises organisations du vote qui, selon eux, seraient déjà entachées de fraude. Ces partis accusent les pouvoirs publics de cautionner la fraude et même de l'encourager pour prendre le dessus sur les partis politiques d'obédience islamiste. Ces partis mettent en avant l'anomalie de l'ajout en bloc de noms du corps militaire sur le fichier électoral après la date butoir de l'inscription sur la liste. Ils confortent aussi la commission dans ses doléances, notamment celles concernant le manque de moyens qui lui sont attribués pour effectuer sa mission dans les meilleures conditions. Outre l'inscription des militaires et du manque de moyens, les partis politiques demandent aux organismes mandatés pour le suivi des législatives de donner plus de précisions sur les raisons de leurs refus de l'instauration du bulletin de vote unique. Ils appellent ainsi le ministère de l'Intérieur à supprimer les listes supplémentaires de militaires dont l'adhésion au fichier s'est faite en dehors du délai légal et sans leurs radiations des précédents fichiers de leurs communes respectives. Ils quémandent également des éclaircissements sur les modalités de représentativité des femmes dans les assemblées élues, texte de loi qui selon eux ne serait pas très explicite. Le communiqué précise que les partis ont eu recours à cet appel suite au refus des instances chargées de l'organisation des élections de répondre aux requêtes de la commission qui visent à planifier un scrutin transparent et dont le dénouement répond à la volonté du peuple. Plusieurs anomalies dans l'organisation des élections Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abouguera Soltani est l'une des formations à soutenir la commission et la conforte en accusant les pouvoirs publics «de magouiller» les listes électorales et de «vouloir casser les partis islamistes». «Les militaires de Tindouf avaient tout le temps de s'inscrire au fichier électoral dans les délais, le pouvoir les a sollicités uniquement pour appuyer les partis représentant le gouvernement», déclare Naamane Laouar, président de la commission parlementaire du MSP contacté par nos soins. Quant au Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune, qui soutient aussi la CNSEL, il s'interroge sur le refus par le ministère de l'Intérieur de la proposition de certains partis de l'application du bulletin de vote unique. «Le gouvernement ne veut pas établir le bulletin de vote unique en raison du vote massif des corps constitués auxquels il est demandé d'orienter leur choix vers un parti donné et de ramener les autres bulletins comme preuve de leur vote», a déclaré le porte-parole Djeloul Djoudi. Le Front du changement (FC) de Abdelmadjid Menasra va également dans le même sens en appuyant les décisions de la commission et ne comprend pas pourquoi les pouvoirs publics lui mettent beaucoup d'entraves dans l'exercice de sa mission. «Le ministère de l'Intérieur a commis beaucoup de dépassements en ordonnant l'ajout de militaires sur les listes alors qu'ils n'étaient pas éligibles, la convocation des candidats pour un contrôle qui est une entrave à la liberté des citoyens et qui pour se justifier donne pour argument des interprétations de la loi qui ne tiennent pas la route», souligne MMenasra. Dix-sept autres partis partagent l'avis de ses formations et ont également signé le communiqué. Il s'agit d'ailleurs du Mouvement Nahda, du Front national algérien (FNA), du Mouvement Islah, du Front du changement (FC), du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), du parti Ahd 54, du Mouvement national pour la nature et le développement (MNND), du Mouvement de l'entente nationale (MEN), du Rassemblement national républicain (RNR), du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD), du Front national démocratique (FND), du Parti El-Fedjr El-Jadid (PFJ), du Mouvement national d'espérance (MNE), du Front national des indépendants pour la concorde (FNIC), du Mouvement des nationalistes libres (MNL), du Mouvement de la jeunesse et de la démocratie (MJD) et du Mouvement des citoyens libres (MCL).