La police française craint la présence d'un tueur en série solitaire dans la banlieue sud de Paris, après le meurtre jeudi d'une femme de 47 ans à Grigny, abattue avec la même arme que trois autres personnes depuis novembre. Pour chacun de ces assassinats, en novembre, en février, en mars et jeudi, a été utilisée dans un rayon de 10 kilomètres une même arme de 7,65 mm, petit calibre assez répandu mais peu prisé du grand banditisme, selon une source proche de l'enquête. Jeudi, une mère de famille d'origine algérienne a été tuée par balles alors qu'elle se trouvait dans le hall de son immeuble, situé dans le quartier de la Grande-Borne, une zone défavorisée réputée sensible de la banlieue de Paris, selon la police. L'assassin s'est enfui sur une moto ou un scooter. Interrogé par la radio Europe 1 sur la possibilité d'un "tueur en série et solitaire", le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a répondu: "On peut le redouter mais de toutes façons, comme dans toute affaire criminelle, nous mettons en œuvre tous les moyens pour parvenir à découvrir les auteurs". Selon le procureur d'Evry, Mme Marie-Suzanne Le Quéau, le mode opératoire du premier des quatre homicides, en novembre, n'est "pas identique" à celui des trois suivants en février, en mars et jeudi. "Dans la première affaire, la victime a reçu plusieurs impacts de balles sur le corps alors que dans les trois autres affaires nous avons des décès liés à un tir intracrânien", a-t-elle souligné. "Sur l'hypothèse du tueur en série, je dis simplement que trois meurtres, le deuxième, le troisième et le quatrième, présentent des similitudes quant au mode opératoire", a-t-elle expliqué. La France a été traumatisée le mois dernier par les crimes en série d'un jeune jihadiste de 23 ans qui a abattu sept personnes --trois militaires, ainsi que trois enfants et un professeur d'une école juive--, lors de trois fusillades dans la région de Toulouse (sud-ouest). Mohamed Merah avait tué toutes ses victimes d'une balle dans la tête, et il se déplaçait sur un puissant scooter. Il a été abattu par la police le 22 mars lors de l'assaut de l'appartement où il était retranché. Aucun rapprochement n'a été établi entre ces crimes de Toulouse et ceux de la zone de Grigny, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Une source proche de l'enquête a exclu cependant a priori toute piste à connotation religieuse ou politique et tout en restant extrêmement prudente, évoque celle d'un "déséquilibré". La série a débuté le 27 novembre 2011. Ce jour-là, une femme de 35 ans travaillant dans un laboratoire est abattue dans son immeuble d'un quartier sans histoire de Juvisy-sur-Orge. Un homme, qui se présente comme son ancien petit ami, se rend rapidement à la police, est mis en examen (inculpé) le 3 décembre puis écroué. Toutefois, il s'est depuis rétracté. Un peu moins de trois mois après, un autre habitant de l'immeuble, voisin de la première victime, est abattu le 22 février dans le parking: il s'agit d'un homme de 52 ans. Et le 17 mars, un octogénaire sans histoire est tué d'une balle dans la tête dans le hall de son immeuble de Ris-Orangis, commune riveraine de Grigny.