Certains pays de l'Union européenne ont commencé vendredi soir à souffrir d'une baisse de leur approvisionnement en gaz russe après la décision de Moscou d'interrompre ses livraisons à l'Ukraine. Le russe Gazprom a accusé l'Ukraine de dérober du gaz et a fait savoir que certains pays des Balkans l'avaient informé qu'ils recevaient moins de gaz que prévu. Les livraisons de gaz naturel à la Roumanie ont baissé de 30% à partir de vendredi soir, suite au conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine, a indiqué hier le directeur de la compagnie de transit Transgaz, Ioan Rus. Alors que la Roumanie importe environ 10 millions de mètres cubes de gaz par jour de Russie, les fournitures se sont élevées vendredi à seulement 7 millions m3, a-t-il précisé. «La Roumanie dispose de stocks suffisants pour faire face à cette baisse et l'approvisionnement des consommateurs se fait normalement», a toutefois déclaré M. Rus à la chaîne Realitatea TV. Le ministre de l'Economie, Adriean Videanu, a pour sa part convoqué hier matin une réunion des responsables du secteur gazier pour discuter de cette crise. Les Russes ont, comme les Ukrainiens avant eux, envoyé un émissaire en tournée européenne, avec une première étape à Prague hier, pour assurer leurs clients de leur bonne foi dans le conflit gazier qui a entraîné une inflexion de livraisons à la Pologne et à la Hongrie. Le vice-président de Gazprom, Alexandre Medvedev, s'est rendu à Prague dans la matinée d'hier pour exposer son point de vue sur la crise russo-ukrainienne et envisage ensuite de se rendre à Londres, Paris, Vienne, Bruxelles et Berlin, selon le porte-parole de la compagnie à Moscou. Le premier ministre tchèque Mirek Topolanek, en charge de la présidence tournante de l'UE, a déjà rencontré vendredi une délégation ukrainienne pilotée par le ministre de l'Energie, Iouri Prodan, qui est elle aussi venue donner son point de vue sur le différend. Les tournées des Russes et des Ukrainiens interviennent alors que la Hongrie a vu ses livraisons réduites de 10 millions m3, par rapport aux 42 millions prévus dans son contrat, selon des chiffres publiés par la Commission européenne. La Pologne a de son côté signalé une baisse de 6% des livraisons reçues par rapport aux volumes contractuels, un chiffre confirmé par la commission. Vendredi soir, la présidence tchèque de l'UE a appelé dans un communiqué «à une solution urgente à la dispute commerciale entre la Fédération de Russie et l'Ukraine, et une reprise immédiate des livraisons complètes de gaz aux pays membres de l'UE». Vers la reprise des négociations ? La compagnie nationale gazière ukrainienne, Naftogaz, propose à son homologue russe, Gazprom, de revenir à la table des négociations pour régler leur contentieux, et accuse dans le même temps le géant russe de l'énergie de se livrer à un «chantage». «La compagnie estime que la position adoptée par Gazprom enfreint les pratiques internationales consistant à tenir des négociations, ainsi que les principes les plus répandus sur les relations d'affaires», et ajoute que «cette position équivaut à un chantage à l'énergie, une pression économique», a déclaré Naftogaz dans un communiqué. «Naftogaz exige l'arrêt rapide de cette hystérie médiatique (...) et le retour de Gazprom à un dialogue constructif à la table des négociations», lit-on également.