La journée d'hier restera sans aucun doute gravée dans les annales de la politique algérienne. Et pour cause, si l'installation des nouveaux députés a été perturbée par le chahut des élus de l'Alliance de l'Algérie verte qui ont fini par quitter l'hémicycle Zighoud-Youcef, des leaders de seize partis politiques se sont quant à eux donné rendez- vous à Staouéli, à l'ouest d'Alger, pour la création d'un «Parlement populaire». Le pays se retrouve donc avec deux «chambres basses», l'une officielle et l'autre officieuse, pour ne pas dire clandestine. Les auteurs de cette seconde initiative sont les chefs de file des formations politiques qui ont décidé de boycotter l'APN pour la simple raison que les députés désignés pour cette septième législature ont été élus sur la base d'un scrutin «entaché d'une fraude massive». L'on retrouve parmi ces partis : le Front national algérien que dirige Moussa Touati, le FJD El-Adala, fondé par Abdellah Djaballah, et notamment le Front du Changement que préside Abdelmadjid Menasra, le dissident du MSP, pour ne citer que ces formations qui ont obtenu des sièges à l'issue des dernières législatives. Les députés hôtes de ces sièges se sont rendus d'ailleurs au siège de l'Assemblée pour prendre part à la cérémonie d'installation de la septième législature. C'est du moins ce que nous a affirmé hier Abdelkader Merbah, désigné porte-parole de ce regroupement, qui partage comme dénominateur commun le fait que le scrutin du 10 mai dernier ne se soit pas déroulé selon les normes universellement requises, et est de surcroît entaché de «dépassements graves». «Les députés élus sur la liste des partis faisant partie de ce regroupement se sont rendus ce matin (hier, ndlr) à l'APN pour assister en tant que témoins à l'usurpation de la qualité de député», nous dira notre interlocuteur. Il enchaîne en expliquant la création d'un parlement parallèle, seul point inscrit à l'ordre du jour de la rencontre des seize partis, et qui a vu la participation d'une trentaine de candidats qui se sont présentés à la dernière élection sur les listes confectionnées par chacune de ces formations. «Au total, ce sont près de 400 militants issus des 16 partis qui prennent part à la création de ce parlement populaire», a encore affirmé le même porte-parole. Interrogé sur les missions de ce parlement, notre interlocuteur dira que la question n'est pas encore tranchée. A rappeler que l'annonce de boycotter l'APN faite la semaine écoulée par ces 16 partis contestataires a fait réagir le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui, dans un entretien accordé à l'APS, a invité ces partisans du boycott à démissionner de l'Assemblée nationale. Une sollicitation qui n'a pas eu, semble-t-il, l'effet escompté.