A l'approche de la date fatidique du 12 juillet qui constituera sans nul doute «un test de vérité», les contestataires du Front des forces socialistes (FFS) décidés à rendre au parti sa «ligne originelle, radicale et pacifique» entament le dernier virage et peaufinent les préparatifs du meeting de Tizi Ouzou auquel ils ont appelé. Comme pour la réunion de la semaine dernière, le lieu précis de la tenue du meeting n'a pas encore été rendu public. A l'issue d'une réunion tenue jeudi à Tizi Ouzou, la décision du maintien du meeting a été entérinée. «Ceci est une réponse à la direction du parti qui a saisi officiellement le ministère de l'Intérieur pour empêcher notre action», nous révèlera une source proche des contestataires, qui précisera qu'une autre rencontre est prévue «pour demain ou après-demain à l'issue de laquelle une déclaration sera rendue publique et le lieu du meeting divulgué». Une chose est sûre, révèle encore notre source, les anciens premiers secrétaires, à l'instar de Djamel Zenati, Ali Kerboua, ou encore Mustapha Bouhadef sortent ainsi de leur retraite pour rendre le parti à ses militants et lui rendre sa ligne originelle, radicale et pacifique, «excluent la présence de Karim Tabbou au meeting du 12 qui sera suivi d'une conférence de presse», car il est coupable selon eux de se placer dans la même logique que celle de la direction du parti. «La direction manœuvre à l'intérieur, lui il fait un travail de sape à l'extérieur», précise la même source qui en veut pour preuve le désir prêté au premier secrétaire sortant de créer son propre parti politique. En tout cas, les contestataires du FFS comptent mobiliser toutes les forces et contrecarrer par là même la «logique de normalisation du parti» entamée par la direction. Samir Bouakouir explique à ce propos que ce qui se passe au FFS n'est pas une fronde ni une dissidence comme on en a connu dans le passé, encore moins un mouvement d'humeur passager en rapport avec la confection, contestable au demeurant, des listes électorales». Pour lui, le FFS se trouve aujourd'hui «à un tournant politique historique». «La ligne de fracture est politique et stratégique», affirme-t-il. Cette ligne, précise encore Bouakouir, se trouve mais «entre ceux qui demeurent attachés aux principes et valeurs du parti et ceux qui n'ont pas hésité à les piétiner. Entre ceux qui militent pour une ligne de rupture démocratique et une direction embourbée dans les terrains marécageux d'un système dont elle avait cru percevoir, notamment au niveau officiel, les signaux positifs d'un imminent bouleversement politique». Dans ce sens, il réaffirme ce qu'il y avait déjà dans l'air depuis l'annonce de la participation du FFS aux élections, c'est-à-dire l'existence d'un deal avec le pouvoir. Il précisera à cet effet : «Pour être transparent vis-à-vis de l'opinion publique, je dois avouer que j'ignorais tout du rapprochement entrepris sous l'instigation du chef de cabinet du Président (Aït Ahmed) et des deux conseillers de ce dernier, l'ancien ministre Cherifi Mohand Amokrane et Salima Ghezali». «Je tiens aujourd'hui à le dire clairement : mon élimination sur instruction la veille du scrutin, soutenue de l'intérieur de la direction, était liée au fait qu'en aucune manière, je n'aurais cautionné ce qu'il faut bien appeler une compromission», ajoute-t-il encore, tout en attendant de ces personnes (la direction du parti aussi et les Baloul qu'on dit proches d'Aït Ahmed) «qu'elles sortent de leur mutisme pour s'expliquer devant la base militante et l'opinion publique». Bouakouir considère que «l'enjeu démocratique que représente le FFS dépasse la cadre militant et concerne tous ceux qui militent pour la construction de l'alternative démocratique». D'où selon les contestataires, la nécessité de «réussir» le coup de force de ce 12 juillet.