Au cours de ces dernières semaines, les viandes rouges, le poulet et la dinde, ainsi que les œufs ont accusé des hausses de prix record qui ont amené beaucoup de ménages, qui avaient pris l'habitude de les consommer, à les négliger. Tenter de saisir le pourquoi d'une augmentation d'un produit alimentaire quelconque sur le marché est une démarche hasardeuse tant il est difficile de cerner les raisons qui en sont fondamentalement à l'origine. Chaque intervenant y va, en effet, de son explication. Depuis l'approche du mois de Ramadhan, les prix ont augmenté d'un cran comme le veut la coutume chaque année. Une tournée à travers les marchés d'Alger nous fait découvrir le désarroi des ménages. Interrogés sur la tendance des prix, les clients parlent de «feu». Avec un pouvoir d'achat faible, les citoyens trouvent toujours que les viandes sont chers. Mais cette cherté ne se compare pas seulement à la faiblesse du pouvoir d'achat mais aussi à un manque de contrôle et une politique de tarification des prix non conforme.Cédé précédemment entre 200 et 230 DA le kilogramme, le même poids de poulet, non éviscéré, est proposé aujourd'hui entre 250 et 270 DA. Débarrassé de ses viscères, son prix oscille suivant les marchés, entre 330 et 390 DA. De son côté, l'escalope de dinde, vendue jusqu'alors entre 450 et 500 DA le kilogramme, a grimpé brutalement pour passer à 700 DA. Comme pour ne pas être en reste, l'œuf a tout naturellement emprunté la même courbe ascendante rendant la confection d'une omelette très dispendieuse. De 10 DA, il est désormais vendu entre 11 et 12 DA. La Fédération algérienne des consommateurs a réitéré, à Oran, son appel aux citoyens, à la veille du mois de Ramadhan, leur conseillant plus de retenue quant aux «achats excessifs» des produits alimentaires afin d'éviter un «pic de consommation». Son appel au boycott de la viande vise toutes les catégories durant une semaine, «du 10 au 16 juillet». A travers son appel, la FAC a recommandé aux consommateurs de compenser leur carence en protéine animale pendant cette période par la protéine végétale existante dans les légumes frais et secs. Par ailleurs, elle a salué le sens de responsabilité des consommateurs algériens, tout en estimant une baisse de 20% à 25% des prix des viandes après l'achèvement de cette importante action collective. «Avec sa frénésie d'achat de produits de consommation en grandes quantités, le citoyen provoque une pénurie et, par conséquent, une hausse des prix durant le mois de Ramadhan», a indiqué un responsable de la Fédération des consommateurs. La Fédération a appelé les citoyens à se conformer aux conseils fondamentaux afin de consommer rationnellement et utile, en optant pour l'élaboration d'une liste des produits à acheter et à ne pas céder à la tentation. «La consommation excessive a des retombées néfastes sur l'économie et sur la santé du citoyen, voire de la famille», a indiqué un responsable de la Fédération, tout en insistant sur la nécessité de contrôler la validité des produits périssables comme les viandes, les œufs, le lait et ses dérivés, les plats cuits, les boissons et autres pains vendus à même les trottoirs, ainsi que les boîtes de conserves. La Fédération a appelé également les commerçants à afficher les prix et à se démarquer des phénomènes de fraude. Il est à noter qu'un programme de contrôle des marchés et des restaurants d'Iftar a été élaboré pour le mois de Ramadhan, en collaboration avec la Direction du commerce de la wilaya et des experts en nutrition. Un numéro vert sera mis en service pour recevoir les doléances des citoyens. Il faut noter , qu'hier, des citoyens ont boycotté l'achat des viandes alors qu'ils ne sont même pas au courant de l'appel lancé par la Fédération des consommateurs. S'il est suivi en masse, le boycott, qui est un acte citoyen, va sûrement pousser les commerçants à baisser leurs prix. Baisse de l'offre et hausse des prix des viandes Les viandes, hors de portée de la majorité des Algériens, ont connu ces jours-ci une folle envolée des prix. Les prix des viandes rouges ont frôlé les 1200, voire 1400 DA/kg, alors que ceux des viandes blanches, notamment le poulet, ont également augmenté ces derniers jours, avoisinant les 400 DA/kg. Un responsable de la Direction de commerce reconnaît que la hausse des prix des viandes est imputée à une défaillance au niveau des circuits de distribution. «Nous manquons d'un réseau efficace de distribution qui permettra d'écouler sur le marché en situation de flambée des prix toutes les quantités de poulet stockées» , a déploré un des responsables au niveau de la Direction du commerce de la wilaya d'Alger. L'Algérie va-t-elle recourir une fois de plus à l'importation pour pourvoir à la demande nationale ? Les mécanismes de régulation et de contrôle ont-ils failli ? Autant d'interrogations qui, malgré les assurances de nos responsables, ne trouvent toujours pas de réponses chez le citoyen algérien qui semble s'accommoder de la situation. Beaucoup d'Algériens, faute d'acheter de la viande, vont se rabattre sur les œufs, source de protéines. La hausse démesurée des prix des viandes reste tout de même inexpliquée. Le dysfonctionnement dans les circuits de distribution qui se répercute très souvent sur les prix est remis en cause. Le risque de voir les réseaux de spéculation s'approprier le contrôle du marché et imposer leurs prix n'est pas à écarter.