La fête de l'Achoura, 10e jour du premier mois de l'hégire, Moharram, est toujours célébrée à Tlemcen selon des rituels ancestraux. Ces traditions héritées de père en fils diffèrent toutefois d'une couche sociale à une autre, et d'une région à une autre. Les habitants de Tlemcen, qui fut par le passé un pôle commercial incontesté, ont hérité de coutumes et de traditions où l'activité commerciale est prédominante.
Après plusieurs années d'éclipse, les rituels de célébration de la fête de l'Achoura ont refait surface en renouant avec certaines pratiques, notamment en matière d'entraide et de solidarité. En pareille occasion, les artères et les ruelles commerçantes de la ville, comme El Kissaria, Sidi Hamed et Medres, connaissent une activité intense. Les vendeurs ambulants exposent leurs marchandises à même le sol, transformant ces quartiers en un gigantesque marché attirant de nombreux chalands, particulièrement la gent féminine. Les ménagères venues s'approvisionner en tous genres de produits, comme le henné et les cosmétiques, ont l'embarras du choix. Pour les commerçants, l'Achoura constitue une aubaine vendre des stocks de marchandises à des prix raisonnables et alléchants. Au-delà du désir de voir leur marchandise vite écoulée, des commerçants réduisent les prix comme pour contribuer d'une certaine manière à la zakat destinée aux personnes démunies. Ne ratant pas cette aubaine, les personnes pauvres et défavorisées affluent dans les quartiers commerciaux pour, en plus de la collecte de l'aumône, s'approvisionner en divers articles et effets vestimentaires (tissus, souliers...) cédés à des prix à la portée de toutes les bourses. La célébration de cette fête religieuse est marquée également par une activité particulière au niveau des zaouïas. Les adeptes des confréries El Djazoulia et Aïssaouia intensifient à l'Achoura leurs cercles de «hadhras» où le «dhikr» est à l'honneur. Le volet folklorique comporte des représentations attractives interprétées par un groupe de personnes en quête de la «baraka» du saint-patron Sidi Blal. Il y a également des «dardabate» : de grands cercles dirigés par le «moqqadem», en présence d'un grand nombre d'adeptes de la tariqa El Aïssaouia, a indiqué à l'APS un des adeptes de ces rituels. Dans les foyers, la fête de l'Achoura exige des ménagères, tradition oblige, la préparation de mets traditionnels à base de viande séchée et conservée depuis l'Aïd El Adha, servie dans un plat appelé «trid». Ce jour est également une occasion pour les fidèles de jeûner, se référant à la Sunna du Prophète Mohamed (QSSSL).