Les démêlés du général Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, avec la justice helvétique refont surface. Dans une décision rendue publique mardi dernier et annoncée hier, le Tribunal pénal fédéral (TPF) suisse a indiqué que l'ancien ministre algérien, accusé de «crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis entre 1992 et 1999 ne bénéficiait pas de l'immunité diplomatique à l'époque des faits qui lui sont reprochés». Le Tribunal pénal fédéral vient donc de débouter le général à la retraite Khaled Nezzar qui s'opposait à ce que le ministère public de la Confédération ouvre une enquête à ce sujet. Khaled Nezzar, 74 ans, ancien ministre de la Défense entre 1990 et 1994 pourrait-il ainsi être jugé pour «suspicion de crimes de guerre». Contacté hier par nos soins, le concerné s'est montré prudent et s'est abstenu de commenter cette décision du tribunal TPF. «Je ne peux rien vous dire», nous a-t-il déclaré d'emblée. Face à notre insistance, le général à la retraite nous a concédé cette phrase lourde de sens : «De toute façon, c'est une affaire politique. C'est tellement important que je ne peux me permettre de m'exprimer qu'après avoir longuement réfléchi.» L'ancien ministre de la Défense nous dira aussi qu'il aura d'abord à se concerter avec ses avocats avant de se prononcer publiquement sur cette affaire. Dans un communiqué rendu public mardi dernier, le TPF, qui commentait la décision qu'il venait d'avaliser, a indiqué qu'il s'agit «d'un premier cas d'application des nouvelles compétences exclusives attribuées en 2011 par le législateur au ministère public de la Confédération pour la poursuite de génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre». Les soucis judiciaires de Khaled Nezzar avec la justice suisse remontent au mois d'octobre dernier lorsqu'il a été arrêté à Genève où il séjournait pour des soins et présenté le lendemain au procureur. Son arrestation fait suite à une dénonciation de l'ONG Trial (Association suisse contre l'impunité) puis sur la base d'une plainte émise par deux victimes accusant l'ancien ministre de la Défense de «crime de guerre commis en Algérie durant les années 1990». Khaled Nezzar avait comparu en Suisse en présence de ses avocats avant d'être remis en liberté. Il s'est engagé à se présenter à la justice helvétique dans le cadre de la suite de la procédure. A rappeler que les «crimes» qui lui sont reprochés s'étaient déroulés dans le contexte «du conflit civil algérien qui, de 1992 à 1999, avait opposé divers groupes islamistes au gouvernement», selon les termes utilisés par le ministère public de la confédération (MPC). Juste après sa comparution en Suisse, le général Nezzar avait fait l'objet d'une pétition de soutien lancée en décembre en sa faveur par de nombreuses personnalités et citoyens de la société civile algérienne. Hommes politiques et notamment d'anciens responsables de l'Etat, journalistes, avocats, enseignants universitaires et des centaines de personnes relevant des différentes catégories professionnelles ont signé la pétition en faveur de Nezzar.