Les deux premiers championnats professionnels observent, en ce moment, une trêve et les clubs sont en pleine opération de renforcement de leurs effectifs. Une opération où, forcément, il y a de l'argent en jeu et comme à chaque fois ces clubs trouvent le moyen de retomber sur leurs pieds. Comprenez par là que leurs dirigeants passent énormément de temps à parler de problèmes financiers mais ne s'empêchent pas de faire des efforts pour renforcer leurs équipes. Il ne se passe, d'ailleurs, pas un jour sans qu'il ne soit fait mention dans la presse de dirigeants de clubs qui indiquent qu'ils finiront par payer tous leurs joueurs. Ce qui signifie que parmi ceux-ci il en existe qui attendent toujours de toucher leur chèque. En somme, professionnalisme ou pas, les mêmes réflexes que les saisons précédentes sont en cours. La Fédération algérienne de football avait, pourtant, fixé les règles du jeu en ce qui concerne l'actuel mercato. N'avaient droit au recrutement de nouveaux joueurs que les clubs ayant apuré tous leurs litiges vis-à-vis de leurs anciens joueurs. La très grande majorité de ces clubs a réussi à surmonter ce handicap encore que 5 de la Ligue 2 sont passés à la trappe et ont été sanctionnés. Mais cela ne veut pas dire que le problème a été résolu. En effet, on a appris que des clubs qui ne parvenaient pas à régler leurs dus vis-à-vis des joueurs en question ont demandé une dérogation aux instances dirigeantes du football avec promesse qu'ils se mettraient en règle dans les plus brefs délais. Des instances trop indulgentes En faisant une entorse à la réglementation, les instances dirigeantes du football n'auraient-elles pas pris un risque dans la mesure où ces clubs, qui ont déjà des difficultés à payer leurs joueurs, pourraient accentuer leur déficit en recrutant des éléments pour lesquels ils auront, également, des difficultés à trouver de l'argent pour les rémunérer ? Un club comme le Mouloudia d'Alger, dont on dit qu'il se débat dans des problèmes gros comme ça en matière de financement, a trouvé le moyen d'embaucher Berramla qui n'a pas dû signer gratuitement. Nul doute que promesse a été faite à ce joueur qu'il sera payé sous peu et une fois le train de la compétition reparti, il rejoindra le lot des joueurs qui se plaignent de n'avoir toujours pas touché leur argent. ne ciblons pas spécialement le MCA. Ils sont très nombreux les clubs algériens dits professionnels à agir comme lui. En fait, ils ne sont que deux ou trois à être en règle vis-à-vis de leurs joueurs, ce qui démontre que les réflexes qui avaient cours précédemment sont tenaces et ne sont pas près de quitter le monde du football. Cette semaine, la presse a fait référence au CR Témouchent dont les dirigeants ont fait savoir que leur club allait arrêter l'aventure du professionnalisme et qu'il allait déposer son bilan. Tout cela pour une histoire d'argent qui manque cruellement à ce club de l'Ouest algérien. Qui manque cruellement ? Difficile de le croire quand on lit dans la même information de dissolution de la SSPA-CRT que ses dirigeants étaient sur le point de recruter cinq nouveaux joueurs durant le mercato. Dans le site internet lequipe.fr, l'entraîneur du MC Alger, Alain Michel, a dit des vérités qui ne vont certainement pas plaire à beaucoup de monde. Il s'en est surtout pris à la manière dont le professionnalisme a été appliqué chez nous, vu que les anciennes (et mauvaises) habitudes ont toujours cours. Le coach français risque d'être suspendu pour cette sortie médiatique. A tort parce que ce qu'il a dit n'est que la stricte vérité. De grands débats doivent être organisés Ce qu'il faudrait, ce sont de grands débats sur le devenir du football professionnel auxquels prendront part, outre des experts, des représentants de la FAF, de la Ligue nationale, du ministère de la Jeunesse et des Sports, du ministère des Finances et des responsables de clubs. Ces derniers ont besoin d'être imprégnés de la nouvelle donne du football algérien, car professionnalisme ne veut pas dire seulement argent. Il suppose un mode de gestion pour lequel la majorité des dirigeants de clubs n'a pas été formée. On ne peut prétendre aller vers le professionnalisme si on n'est pas capable de payer ses employés. C'est, malheureusement, ce qu'on a toléré. On disait que le professionnalisme était la solution pour sortir le football algérien de la gadoue dans laquelle il se trouvait. On a oublié d'ajouter qu'il fallait poursuivre le processus en revoyant la composante humaine qui gérait les clubs ces dernières saisons. Deux clubs ont réussi cet examen de passage, à savoir l'USM Alger et la JSM Béjaïa. Ils sont bien trop seuls dans un univers où l'esprit rentier et amateur semble bien ancré.