Si encensé par les fabuleux matches que proposent le FC Barcelone et le Real Madrid, le football espagnol vit en ce moment l'une des plus graves crises de son existence. Ce football, que l'on présente comme hors du commun en raison des exploits des deux clubs précités et de son équipe nationale qui détient le titre de champion du monde, semble être un édifice qui craque de partout quand on apprend que sur les 42 clubs professionnels, 24 sont pratiquement en cessation de paiement. Pour tout dire, le foot espagnol se présente aujourd'hui comme étant le plus endetté de la planète. Un sport qui vit, largement, au-dessus de ses moyens. Le plus bel exemple de cette gabegie est venu de l'Atletico Madrid dont la gestion est un gouffre financier mais qui ne s'est pas gêné de recruter le centre-avant colombien du FC Porto, Falcao, moyennant la somme de 40 millions d'euros. Si le football ibérique est arrivé à une telle situation dramatique c'est parce qu'il ne dispose pas d'instance chargée de contrôler la gestion de ses clubs. Une telle structure qui existe en France à permis au football de ce pays d'éviter à ses clubs de tomber dans une spirale inflationniste. C'est en référence à cette pratique que le football algérien a décidé de se doter d'une structure analogue à celle des Français, une espèce de gendarme des clubs qui doit les empêcher de s'endetter plus que de mesure. Cette direction de contrôle de gestion des clubs n'existe, pour le moment, que sur le papier et tarde à voir le jour. Il faut dire que le football algérien a longtemps vécu dans un schéma où il n'était ni amateur ni professionnel. Depuis la fin du code de l'EPS de 1977, il s'était distingué par des pratiques aussi opaques les unes que les autres, le tout sans aucun contrôle efficient. Tout ce dont les autorités du pays se suffisaient c'était des comptes-rendus d'assemblées générales de clubs expédiées comme une simple formalité. De l'argent circulait au su de tout le monde alors que d'un point de vue juridique nous avions affaire à des clubs amateurs, donc non susceptibles de générer des bénéfices et de manipuler de l'argent, à plus forte raison de grosses sommes. Quand ces clubs passèrent au statut professionnel, ils laissèrent leur structure amateur avec un énorme déficit financier et surtout des dettes vis-à-vis de nombreux joueurs. Un problème qui n'a pas été réglé jusqu'à aujourd'hui. La crainte, à l'avenir serait de voir les clubs professionnels algériens se permettre des dépenses auxquelles ils ne pourront pas faire face lorsqu'il s'agir d'apurer leurs comptes. Excepté l'USM Alger qui dégage un vrai budget de recrutement et de roulement, le seul club qui ait (avec la JSMB cependant) répondu aux critères du cahier des charges du professionnalisme algérien, il nous semble que les autres clubs ont engagé des frais à l'issue desquels ils auront bien du mal à équilibrer leurs comptes. D'autant que s'ils investissent il n'y a pas de retour en matière de marketing et de sponsoring. La preuve en est que certains d'entre eux ont eu recours à de l'argent public pour assurer la préparation de leur équipe durant cette intersaison. Plus tôt sera mise sur pied la direction de contrôle de gestion et plus tôt sera altéré l'appétit sans limites de certains responsables de clubs. Selon le président de la LFP cela pourrait se faire cette année. Une initiative qu'il va falloir applaudir tant notre football a vécu ces dernières années dans une totale opacité en matière de gestion des clubs.