Pourquoi le mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) vole-t-il au secours d'Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) en menaçant l'Algérie si elle ne libérait pas les trois terroristes arrêtés par les forces spéciales de l'Armée nationale populaire (ANP), le 15 du mois en cours,à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa ? Le MUJAO a, en effet, menacé d'exécuter un des quatre diplomates algériens qu'il détient en otages au Mali, au cas où les autorités algériennes refusaient de libérer les trois djihadistes arrêtés récemment au sud de l'Algérie. Pourtant, le MUJAO est présenté comme étant un dissident de l'AQMI. Les deux organisations terroristes semblent au contraire très proches, se partageant probablement les rôles. Il est à noter que le MUJAO qui occupe Gao, une ville du nord du Mali et l' AQMI qui occupe Tombouctou, une ville limitrophe, ne sont jamais entrés en confrontation armée. Pourquoi donc cette «dissidence» ? Le Mujao dont la création a été annoncée en décembre 2011 cible principalement l'Algérie contre laquelle il a perpétré deux attentats suicides dans les wilayas de Tamanrasset et de Ouargla, enlevé trois humanitaires occidentaux dans les camps de réfugiés sahraouis dans la wilaya de Tindouf et sept diplomates algériens à Gao, rappelle-t-on. Trois des diplomates enlevés ont été libérés et les quatre autres se trouvent toujours entre les mains du MUJAO qui menace d'exécuter une de ces victimes si l'Algérie ne libérait pas les trois terroristes de l'AQMI. L'un des trois terroristes arrêtés par les forces de l' ANP à Berriane est, rappelle-t-on, Necib Tayeb, alias Abderrahmane Abou Ishak Essoufi, chef de la commission juridique et membre du conseil des notables d'Aqmi. Premier juge du groupe terroriste, il a été envoyé par Abdelmalek Droukdel, «émir» national de l'AQMI, pour se rendre au Sahel dans le but de réconcilier plusieurs «émirs». Tandis que les spécialistes de la question sécuritaire s'attendaient à une réaction de l'AQMI, c'est le MUJAO qui a réagi, rappelle-t-on. Dans une vidéo transmise à une agence de presse occidentale par un intermédiaire proche du Mujao, un des otages algériens employé du consulat d'Algérie enlevé à Gao demande aux autorités de son pays de «trouver une solution» pour lui sauver la vie. L'otage qui lisait un texte probablement rédigé par ses ravisseurs affirme dans la vidéo d'une minute que «des pays comme la Mauritanie (et) la France ont négocié dans le passé pour libérer leurs otages et que l'Algérie n'a qu'à faire la même chose».