La Fédération nationale du secteur des communes (FNSC) affiliée au Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) hausse le ton. Tout en décidant malgré quelques défaillances constatées de poursuivre la grève, elle prévoit une journée de protestation «sur tout le territoire national» pour la journée du 16 septembre avant de lancer le lendemain un préavis pour une autre grève de 8 jours qui commencera le 25 septembre, suivie d'un sit-in devant le Palais du gouvernement. Cette série d'actions a été décidée hier, à l'issue de la réunion du conseil national de la fédération qui s'est tenue à la Maison des syndicats à Alger à laquelle nous avons assisté. Le choix du 16 comme journée de protestation prévue devant les sièges des wilayas n'est pas fortuit. Il coïncide en fait avec le début de la révision exceptionnelle des listes électorales, façon pour les syndicalistes «de se faire entendre» et par là même «marquer le coup», lorsqu'on sait qu'en de pareilles occasions, les fonctionnaires des communes sont mobilisés par les pouvoirs publics. Avant cette décision «consensuelle», plusieurs propositions ont été émises. Il s'agit «d'aller de l'avant crescendo», estime le représentant de Béjaïa, et qu'une grève de 15 jours est nécessaire. «Il n'y a pas de retour en arrière, même si l'on se bat actuellement sur deux fronts (restructuration-revendications)», a-t-il commenté, au moment où d'autres ont parlé d'un sit-in national devant le Palais du gouvernement (proposition retenue). D'autres représentants tentent de relativiser : «Il ne sert à rien d'aller vers des actions aussi radicales si l'on ne parvient pas à se mobiliser», expliquent-ils. D'autres encore ont proposé, pêle-mêle, une reconduction de la grève de 8 jours (retenue), un arrêt de travail pour le 16 septembre pour marquer le début officiel de la révision exceptionnelle des listes électorales (16-30 septembre), (retenu) ou encore des marches à travers le territoire national et des sit-in devant les sièges des wilayas. Le bilan de la grève de 8 jours fait par Aït Khelifa est «positif». Il avance un taux de suivi jusqu'à hier de 78% à l'échelle nationale (37 wilayas qui ont répondu à l'appel selon lui) mais reconnaîtra qu'il y a des wilayas où les mairies ont fonctionné normalement, d'autres qui ont enregistré un taux de suivi de moins de 20%, certaines qui ont suivi à hauteur de 65% alors que dans les wilayas du centre du pays, le mouvement a été le mieux suivi (95%) à Tizi Ouzou, Boumerdès, Béjaïa… Les responsables de la FNSC tentent de justifier ces «couacs» par les pressions de certains maires et chefs de daïra notamment. «Il faut savoir que 70% des 600 000 fonctionnaires sont des contractuels», fait remarquer dans la foulée M. Aït Khelifa. Plus qu'une évaluation de la grève de 8 jours qui se poursuit jusqu'à demain, les délégués de wilayas et autres représentants du conseil national qui ont assisté à la réunion ont toutefois relevé la nécessité de restructurer la fédération du Snapap et de sensibiliser davantage les fonctionnaires des communes, dont certains «ont suivi le mot d'ordre sans pour autant être des adhérents». Ils reconnaissent ainsi «la faiblesse» de leur structure tout en se disant prêts «à faire des sacrifices». «Nous avons encore du travail à faire, notamment dans le volet sensibilisation. Nous devons surtout sensibiliser le simple travailleur», a affirmé le délégué d'Alger, qui signale que des «menaces ont été proférées par l'administration» à leur encontre. Ould Hamiche Ahmed de la fédération de Tizi Ouzou abonde dans le même sens. «Il faut faire un constat juste», relève-t-il. «Dire que les fonctionnaires n'ont pas répondu à la grève, c'est faux», tonne-t-il, mais la restructuration doit, selon lui, s'accentuer. «Notre rôle à nous, c'est de restructurer davantage, faire un travail de base, prendre contact avec les autres fonctionnaires. S'il faut se déplacer, on le fera. Le système ne reconnaît que les plus forts, on doit faire aboutir nos revendications, surtout que la révision des listes électorales approche», explique le représentant de Tizi Ouzou pour qui il faut «prouver notre force sur le terrain si on veut se faire entendre». Un représentant d'El Oued a évoqué quant à lui le manque de culture syndicale dans sa région, relatant comment l'administration «fait pression» sur les employés. Il faut aussi dans ce sillage «sensibiliser le citoyen», suggère le représentant de Boumerdès (Boudouaou). Aussi, il a été question de la tenue d'un congrès national des communaux, une proposition jugée prématurée par beaucoup pour qui il faut commencer d'abord par des sections puis des conseils de wilaya ou des congrès régionaux. Le débat contradictoire, certes, et ouvert auquel nous avons assisté a souvent buté sur le problème de représentativité. Place donc à la question organique, se sont accordés à dire à la fin les représentants syndicaux qui ne perdent toutefois pas de vue leurs revendications et la précarité de certains employés «dont le salaire ne dépasse pas les 9000 dinars». Si les responsables de la fédération ont rappelé la justesse de leurs revendications et le caractère pacifique de leurs multiples actions, ils ne manqueront pas cette fois-ci de solliciter l'intervention du président de la République.