Le Front de la justice et du développement, plus connu sous l'appellation El Adala, créé par l'islamiste Abdallah Djaballah dans le sillage des récentes réformes politiques; ne prendra pas part aux élections locales du 29 novembre. Le boycott du scrutin des communales a été la principale annonce faite, hier, par Djaballah à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a animée au siège de son parti à Alger. Il précisera d'entrée que cette option de bouder le prochain rendez-vous des urnes a été adopté à l'issue de la réunion du conseil consultatif du parti ayant eu lieu le 6 septembre dernier. Une concertation elle-même intervenue au terme de l'université d'été, organisée par le parti El Adala dans la wilaya d'El Tarf. Un rendez-vous qui a permis aux militants de cette formation d'obédience islamistes «de débattre de la situation politique et économique qui prévaut dans le pays, ainsi que la possibilité d'aller vers le changement à travers l'urne», dira encore le conférencier. En ce sens, Abdallah Djaballah, connu pour sa nature d'opposant invétéré au régime en place, ne se fait guère d'illusion. «Après plus de vingt ans de multipartisme, l'on constate, hélas, que l'Algérie ne fait que régresser davantage à chaque échéance électorale», déplore-t-il. Il poursuit en affirmant que la décision de boycotter les prochaines élections locales prise par le conseil consultatif a été motivée par «la persistance d'un contexte politique dévergondé né des récentes législatives». Le président du parti El Adala argue ses propos en dressant un véritable réquisitoire contre le régime en place. On entendra ainsi Abdallah Djaballah évoquer «l'élargissement du fossé séparant le pouvoir des préoccupations réelles de la base citoyenne». On notera aussi que de l'avis du président d'El Adala, «le régime ne se soucie que de sa longévité, qu'il compte pérenniser le plus possible en recourant à la corruption administrative et financière conjuguée à l'injustice pratiquée dans les domaines politique, économique et social et qui est plus perceptible à travers les agressions répétées contre les libertés politiques, notamment le droit du peuple à choisir ses représentants et à contrôler les opérations de vote». Ce n'est pat tout, Djaballah se dit convaincu que «le régime en place n'a pas nourri la volonté de se départir de la pratique de la fraude qui a émaillé les différentes consultations électorales, comme se fut le cas durant le dernier scrutin des législatives, où il y a eu falsification des résultats obtenus au profit des partis au pouvoir». «Volonté de maintenir le statu quo» Abdallah Djaballah explique l'option de ne pas participer aux locales du 29 novembre par le fait que «le régime en place monopolise l'organisation de l'opération de vote, en refusant de l'attribuer à une instance indépendante». Il renchérit en mettant l'accent sur le fait que toutes les propositions faites par son parti en vue d'une élection crédible ont été rejetées. D'autre part, le conférencier a estimé que la formation du nouveau gouvernement «n'a d'autre signification que celle de maintenir le statu quo. Le peuple algérien ne s'attendait pas à un tel Exécutif». A la question de savoir si son parti se lancera dans une campagne de boycott lors du prochain scrutin, Abdallah Djaballah fera savoir qu'il s'attend à ce que toute action engagée fera l'objet d'une répression de la part du régime. A noter que le parti El Adala est pour l'heure le premier de la scène politique à décider de bouder le prochain rendez-vous électoral.