Le Parti des travailleurs dénonce «l'instrumentalisation de l'institution militaire» et accuse «le FLN de vouloir maintenir le pays en otage». Dans un point de presse organisé hier au siège de son parti, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) cite un «coup de force» initié par le FLN, dans l'objectif «de maintenir sa position». Elle évoque l'«instrumentalisation de l'armée». Selon la secrétaire générale du PT, «la manipulation a commencé dans la matinée où des contingents de militaires se sont présentés aux bureaux de vote dans plusieurs wilayas du pays, présentant toutefois plusieurs procurations. Le premier ministre avait pourtant donné des instructions claires pour qu'exceptionnellement cette année les militaires ne devaient exprimer leurs voix que par procuration». «Plusieurs wilayas sont concernées», précise-t-elle en citant Oum El Bouaghi, Laghouat, Illizi, Béchar, Jijel, Oran, Skikda, Bejaïa et même certaines communes de la wilaya d'Alger comme Chéraga, El Biar, Sidi M'Barek et El Harrach. «Des rapports “éloquents” affirmant la participation en force des militaires ont été rédigés par les responsables des bureaux de wilaya depuis la matinée», déclare de son côté Djelloul Djoudi, directeur de la communication du parti. Selon lui, les militaires constituaient des queux interminables provoquant l'ire des électeurs et des responsables des partis. Louisa Hanoune n'a pas, pour sa part, hésité à accuser le FLN, «le parti qui a raflé la majorité des sièges lors des législatives grâce à la ‘‘fraude massive'', veut encore maintenir sa position en tant que première force politique et maintenir ainsi le pays en otage», tonne-t-elle. «C'est plus grave que lors des législatives» A titre d'illustration, elle déclare que le FLN et le RND étaient les deux partis qui étaient absents partout, aux réunions organisées pour faire le rapport des élections. «C'est une évolution dangereuse», estime-t-elle, ajoutant que «c'est plus grave encore de ce qui s'est passé lors des législatives. Selon elle, «l'institution militaire n'est pas responsable de cette dérive, puisque c'est une mission commandée et qui risque de fausser complètement les résultats». «Y a-t-il un centre qui prenne des décisions contradictoires à celles prises par le gouvernement et le Premier ministre du pays», s'interroge-t-elle. Considérant cela comme «une provocation», le PT a fait savoir que les responsables des formations politiques ont réagi en bloquant l'opération dans certaines wilayas, où des dépassements ont été enregistrés, notamment la présentation de plusieurs procurations. Louisa Hanoune déclare avoir informé le Premier ministre du pays, Abdelmalek Sellal, par rapport à ces «dérives». Le Premier ministre s'est engagé à prendre les mesures nécessaires. Le PT, qui regrette que «les défaillances des législatives n'ont pas été corrigées», demande «l'annulation des résultats annoncés par les bureaux où un grand nombre de militaires ont voté». Le parti qui dit ne pas vouloir «une confrontation de force», appelle, cependant, à l'ouverture d'une enquête judiciaire. En outre, Louisa Hanoune annonce détenir des «preuves matérielles», qu'il y a eu double inscription. «La plupart des Algériens ont moins de 16 ans, le fichier électoral de 21 millions a été gonflé». Elle accuse, également, le FLN d'avoir «acheté des procurations à Bordj El Kiffan pour 3000 DA». Interrogée sur le taux de participation, Louisa Hanoune dit être étonnée par l'enregistrement d'un taux plus important que celui des législatives. Ceci est justifié, conclut-elle, «par l'accessibilité des élus locaux». Pour appuyer ses dires, M. Djoudi a noté que le taux de participation à El Mohammadia était de 38% à midi.