Les acteurs de la société civile algérienne se sont donné rendez-vous hier à Alger au Forum social maghrébin pour préparer la participation au Forum social mondial (FSM) prévu du 26 au 30 mars prochain à Tunis. Ce forum mondial est «un espace de débat, d'articulation de mouvements sociaux, de réseaux et d'autres organisations de la société civile qui s'opposent au néo-libéralisme et à la domination du monde par le capital et par toute forme d'impérialisme. A la première rencontre mondiale de 2001 a succédé un processus mondial de recherche et de construction d'alternatives aux politiques néolibérales inscrit dans la charte de principe du FSM». Lors de cette rencontre, de nombreux acteurs ont tenu à afficher leurs ambitions quant à la naissance d'un forum social algérien. Selon eux, cette première rencontre à permis d'établir des contacts entre les différentes mouvances du tissu associatif et surtout de réveiller une société civile qui était jusqu'alors amorphe. La majorité des acteurs, à l'instar de Mme Rabia Abdelkrim, membre du FSM, s'accordent à dire que la décennie noire a été l'un des facteurs du coma profond qui a touché les associations algériennes et que la jeunesse, si elle est bien encadrée, peut faire émerger une nouvelle société civile plus active. Pour elle, il faut un sursaut et revenir au principe de la conférence des pays non alignés à Bandung en 1955. M. Si Baghdadi Mohammed, membre d'une association, a déclaré que l'Algérie n'avait pas encore trouvé sa dynamique car «les visions partisanes et l'entrisme politique ont bloqué toutes les initiatives». M. Becharif, président d'une association de lutte pour l'environnement et le développement, a indiqué que dans ces forums, il faut impliquer les acteurs des mouvements sociaux. «Nous devons faire appel à ces gens car ils sont touchés par les politiques mondiales et nationales. Nous devons faire des connexions entre les mouvements sociaux, les associations et les mouvements de jeunes qui sont dispersés», a-t-il dit. Pour sa part, un autre intervenant a révélé l'importance de cette journée puisqu'elle permet de construire la visibilité du pays dans l'espace mondial. Il estime que jusqu'ici, l'Algérie a brillé par son absence. «Le rôle des ONG algériennes est de construire une connexion locale et régionale. Cette rencontre est une première et elle ne doit pas s'arrêter là», a-t-il affirmé. De son côté, M.Samir Naaradi, membre du comité exécutif pour les droits des chômeurs a indiqué que chaque acteur se bat en rangs dispersés et confirme la stratégie du diviser pour mieux régner. Il a cité le cas des chômeurs et fait savoir que «l'absence de solidarité entre les syndicats alors que cette question est d'une importance capitale a favorisé leur isolement». «Les tenants de l'ordre libéral font pression sur le monde du travail mais pas seulement. Ils ne font pas que de l'exclusion sociale, ils ont un caractère antidémocratique. Il n'y a qu'à voir de quelle façon sont prises les décisions sur la marche du monde». Un autre militant de la cause des chômeurs estime que les idées altermondialistes n'ont pas suffisamment imprégné la société algérienne et qu'il faut y remédier. Aussi, il a mis en garde contre les nouveaux partis islamistes qui, selon lui, font de l'endoctrinement afin de mener le mouvement social.