Comme chaque année, le mois de mars annonce le début du printemps. La terre, encore une fois, dans ses éternels mouvements, se repositionne. Bien que chez nous la plus belle des saisons peut, selon les régions, être précoce au Sud et commencer vers la fin février ou tardive et débuter au mois d'avril dans les zones montagneuses du Nord, universellement, il est connu que le 21 du mois de mars (où la durée du jour est égale à celle de la nuit) annonce le 1er jour de la saison de la renaissance : il correspond à l'équinoxe de printemps. Les professionnels évoquent, quant à eux, divers printemps : astronomique, météorologique et calendaire.Pour nos aïeux, le printemps avait une signification plutôtagricole. Annoncé dès la floraison des abricotiers et non pas des amandiers qui, trompeurs, fleurissent dès le mois de janvier avec l'apparition du moindre faisceau de soleil d'hiver, d'où l'ancien adage «Kaddab el louz we echib, Saddak El machmach we takmach (*)», dans certaines régions, il est jusqu'à nos jours joyeusement fêté. Pour revenir aux notions acquises jadis au collège, les 4 saisons de l'année, dont le printemps, dépendent de la révolution de la terre autour du soleil ainsi que de l'inclinaison de son axe Nord-Sud de rotation journalière sur elle-même. Ainsi, dans l'hémisphère nord du globe terrestre, la saison du printemps est déterminée par trois lignes théoriques coupant la terre transversalement : l'Equateur, le Tropique du Cancer et le Cercle polaire arctique. Cependant, n'oublions pas que les saisons dépendent aussi, bien que subsidiairement, de la date et de l'heure de changement de l'équinoxe, faisant intervenir les longitudes dont la principale est le méridien de Greenwich qui est la référence internationale du temps, puisque le monde entier règle son «heure» sur GMT (Greenwich Mean Time). Le point d'intersection «planétaire» entre le tropique du Cancer et le méridien de Greenwich est situé au sud de l'Algérie Toutefois, bien que ses rappels de géographie et d'astronomie soient universels, il se trouve qu'on oublie souvent une donnée substantielle : deux lignes référentielles de notre astre traversent bien notre pays. En effet, le méridien de Greenwich longe toute l'Algérie, de Stidia, près de Mostaganem au Nord, jusqu'aux environs de Bordj Badji Mokhtar au Sud. Quant au Tropique du Cancer, il traverse l'Algérie d'est en ouest, franchissant Djanet, passant juste au nord de Tamanrasset, avant de rejoindre le nord-ouest du Mali. Mieux encore, l'autre élément primordial de cette information souvent «éclipsée», et qui semble être méconnue par la majeure partie de nos concitoyens, est que le point d'intersection «planétaire» entre le tropique du Cancer et le méridien de Greenwich est situé au sud de l'Algérie, plus exactement dans le plateau du Tanezrouft (immense territoire algérien couvrant une grande partie des wilayas d'Adrar, Tindouf et de Tamanrasset). De ce fait, et hormis les précisions minutieuses que pourraient nous apporter les astrophysiciens sur la survenue et sur l'endroit et le moment des équinoxes et des solstices, cette position géographique de l'Algérie lui confère le privilège d'être le premier pays au monde à profiter de la joviale saison ; ceci même si la ligne de changement de date est située dans l'océan Pacifique et que la logique attribuerait au pays du soleil levant, qui est le premier pays de l'hémisphère nord à enregistrer l'entrée du nouveau jour et donc de la nouvelle saison, la rencontre du GMT et du tropique du Cancer en Algérie nous concède bien cette primauté, du moins théoriquement. A cet effet, tout en gratifiant le Tanezrouft, affirmons que la nature a bien doté l'Algérie qui, tout en évitant les faux printemps (politisés, farouches et… sanglants), enregistre les beaux printemps (astronomique, météorologique, calendaire et… agricole). Malheureusement, pour revenir sur le «point» de jonction de ces deux lignes cardinales du globe terrestre, il est regrettable que cet endroit «planétaire», situé quelque part dans le vaste Tanezrouft, ne porte aucun nom ou appellation. A cet effet, les hautes autorités du pays qui viennent d'opter pour un projet de création de nouvelles agglomérations au Sud afin de parer aux longues distances devraient penser à faire sortir ce lieu de l'anonymat. Des suggestions sur le contenu des programmes enseignés Aussi, à travers ces notions souvent négligées, et pour rehausser le niveau scolaire de nos enfants, il serait judicieux de la part des responsables du secteur de l'éducation qui viennent de prendre une bonne décision en sollicitant les parents d'élèves afin d'apporter des suggestions sur le contenu des programmes enseignés, d'inculquer à nos enfants ces préceptes relatifs au pays mais qui sont, force est de le constater, occultés. Le fait de mentionner sur les manuels scolaires l'histoire, la géographie et le patrimoine représenté par la faune et la flore propres à chaque région cultivera certainement, voire renforcera mieux, les notions de l'identité, du territoire et de la souveraineté de l'Etat chez nos potaches ; et ce point de croisement «virtuel» dont il est question parmi tant d'autres «réels» pourrait être aussi un point d'attache et de fierté pour tous les Algériens. Enfin, dans l'attente du solstice d'été du 21 juin, et à l'instar du printemps dans le désert d'Arabie devenu vert et fleuri grâce à son sous-sol, ainsi que du début de l'automne dans l'hémisphère Sud, l'Algérie, de par son envergure d'est en ouest et du nord au sud, pourrait profiter mieux de ses printemps qui s'étaleront, à l'instar de l'été indien, dans le temps, et rayonneront pendant longtemps. Le printemps qui, rappelons-le, met fin à l'hibernation de la faune, embellit la flore et donne de la gaieté à l'homme pour poursuivre ses activités avec plus de panache après la léthargie de l'hiver. Pour profiter au maximum de cette belle saison, comme on le fait pour un jardin : «retroussons nos manches et semons d'abord nos territoires, par la suite, ces derniers ne pourront que fleurir. La récolte sera bénéfique pour tous les Algériens», car ne dit-on pas que la «nature a horreur du vide», tout comme «une hirondelle ne fait pas le… printemps !» S. K.
------------------ (*) Dr Vétérinaire, étudiant en mastère journalisme scientifique et technologie Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information/ENSJSI-Alger (*) : Démens l'amandier et la blancheur des cheveux (canitie) mais crois à l'abricotier et aux rides du visage.