Les prix des métaux au London Metal Exchange (LME) ont pour la plupart reculé cette semaine, dans un marché sous pression après des indicateurs économiques décevants en Europe et des statistiques mitigées aux Etats-Unis, sur fond de renchérissement du dollar. Après avoir fortement rebondi début mai, le marché des métaux de base a connu ces deux dernières semaines des fluctuations en dents de scie, balloté au gré de signaux contrastés sur la santé de l'économie mondiale et miné par le renforcement du billet vert -- monté ce vendredi à un sommet depuis six semaines face à l'euro. Dopé par la perspective de voir la Réserve fédérale américaine (Fed) freiner ses rachats d'actifs à mesure que s'améliore la conjoncture économique, l'appréciation du dollar rend en effet moins attractifs les achats de métaux, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. A l'impact négatif du dollar cher s'est ajouté en début de semaine des inquiétudes accrues sur la demande mondiale: la Chine, de loin, le premier consommateur de métaux dans le monde, a enregistré un tassement en avril de la progression des investissements en capital fixe dans le pays, un des moteurs de sa croissance. Et surtout, "les gros titres sur le recul plus forte qu'attendu de la croissance économique dans la zone euro au premier trimestre ont jeté la consternation (mercredi) parmi les investisseurs", a relevé Edward Meir, analyste du courtier INLT FC Stone. La France est retombée en récession et l'Allemagne connaît une reprise bien plus faible que prévu. Cependant, "après avoir piqué du nez en milieu de semaine, les prix des métaux se sont un peu repris et finissent la semaine seulement en légère baisse", a tempéré Stephen Briggs, analyste de BNP Paribas. Ainsi, "ils se sont montrés relativement résistants, par rapport aux lourdes pertes enregistrées par d'autres matières premières comme l'or et le minerai de fer, et étant donné des statistiques économiques au mieux mitigées, sans parler du renforcement du dollar", a-t-il poursuivi. Faisant fi d'indicateurs moroses aux Etats-Unis jeudi (hausse inquiétante des inscriptions au chômage, activité manufacturière à la peine dans les régions de Philadelphie et de New York), les investisseurs ont profité jeudi d'un bref accès de faiblesse du dollar pour réaliser des achats à bon compte. Le CUIVRE était par ailleurs soutenu par la fermeture de la mine géante de Grasberg (environ 4% de l'offre mondiale de métal rouge), située en Indonésie et possédée par l'américain Freeport-McMoRan, après l'effondrement d'un tunnel qui a fait au moins quatre morts. Le PLOMB, qui a terminé la semaine quasiment à l'équilibre, reste aidé par des tensions sur l'offre mondiale. Selon un rapport du Groupe international d'études sur le zinc et le plomb (ILZSG) publié mercredi, le marché mondial du plomb a enregistré au premier trimestre un déficit de production de 16.000 tonnes (contre un excédent de 13.000 tonnes sur la même période en 2012). A contrario, le ZINC continue de pâtir d'une offre trop abondante: l'excédent de production sur le marché mondial tend à se réduire mais reste très important, ressortant à 43.000 tonnes sur les trois premiers mois de l'année, contre 141.000 tonnes un an auparavant, a indiqué l'ILZSG. Sous pression, le prix du zinc est tombé mercredi à 1.811,75 dollars la tonne, un niveau plus vu depuis août 2012. Pour la seconde semaine consécutive, l'ETAIN est le seul à tirer vraiment son épingle du jeu et à finir la semaine en franche progression, profitant des inquiétudes sur les approvisionnements de métal, notamment en provenance d'Indonésie, premier producteur mondial d'étain. Selon des chiffres gouvernementaux, les exportations indonésiennes d'étain ont chuté de près de 16% sur un mois en avril, des raffineries du pays ayant diminué leur production à la suite de la dégringolade des cours de la mi-avril. Une régulation à venir sur les normes de qualité pourrait aussi diminuer les volumes produits. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7.330 dollars vendredi vers 15H00 GMT, contre 7.375 dollars le vendredi précédent vers 16H30 GMT. L'aluminium valait 1.857 dollars la tonne, contre 1.870 dollars. Le plomb valait 2.008 dollars la tonne, contre 1.996 dollars. L'étain valait 20.940 dollars la tonne, contre 20.849 dollars. Le nickel valait 14.830 dollars la tonne, contre 15.415 dollars. Le zinc valait 1.841 dollars la tonne, contre 1.865 dollars.