Les cours des métaux industriels échangés au London Metal Exchange (LME) se sont repliés cette semaine, ébranlés par la crise à Chypre, qui ravivait les inquiétudes sur une zone euro aux perspectives économiques maussades et incitait les investisseurs à se détourner des matières premières. Alors que la Chine focalisait ces dernières semaines l'attention des opérateurs, le marché des métaux s'est de nouveau tourné cette semaine vers l'Europe, suspendu aux atermoiements autour du plan de sauvetage international de Chypre. "Le dossier chypriote a alimenté les craintes sur d'éventuelles conséquences économiques" au cas où une solution se ferait tarder et "on a assisté à de forts mouvement de ventes sur le marché des métaux", considérés comme des actifs à risque, a expliqué Gayle Berry, analyste de Barclays Capital. Le Parlement chypriote a ainsi rejeté mercredi un plan controversé, qui prévoyait le versement d'une aide internationale (par la Banque centrale européenne, l'Union européenne, et le Fond monétaire international), en contrepartie d'une taxation des dépôts bancaires du pays -une mesure inédite qui a provoqué un tollé. Mais en fin de semaine, Chypre, dont les banques surdimensionnées sont menacées de faillites, restait en panne d'une solution alternative. Une incertitude à même de refroidir l'enthousiasme des marchés, alors que les perspectives de la zone euro restent sombres. En témoigne la publication jeudi d'une nouvelle accélération en mars de la contraction de l'activité privée dans la zone euro, qui pourrait précéder une intensification de la récession dans la région. Les craintes sur Chypre "devraient continuer de dominer les mouvements du marché des métaux à court terme, malgré les signes d'une amélioration économique durable en Chine (premier consommateur de métaux de la planète)", a estimé Mme Berry. Ainsi, si les prix ont reçu un coup de fouet jeudi après la publication jeudi d'une accélération de la production manufacturière en Chine en mars, de bon augure pour la solidité de la reprise économique du géant asiatique, le marché a rapidement trébuché à nouveau.Mais "dans les prochains mois, on peut s'attendre à des statistiques chinoises en amélioration continue, ce qui devrait apporter un soutien aux prix", a-t-on tempéré chez Commerzbank. Le CUIVRE est descendu mardi à 7 486,25 dollars la tonne, un plus bas depuis août 2012, dans un marché toujours pénalisé par l'abondance de l'offre de métal rouge. En décembre, le marché mondial a ainsi enregistré un fort excédent de production de 169 000 tonnes -alimenté par une baisse de 2,1% de la demande mondiale sur un mois, a indiqué jeudi le Groupe international d'études sur le cuivre (ICSG). Les stocks cumulés de cuivre dans les entrepôts des Bourses des métaux de Londres (LME), Chicago (COMEX) et Shanghai (SHFE) ont bondi de 24% sur les deux premiers mois de 2013, pour atteindre fin février 734 545 tonnes, selon les chiffres de l'ICSG.Le ZINC a glissé mardi dernier 1 903,25 dollars et le PLOMB à 2157 dollars, des niveaux plus vus depuis novembre. Selon l'Institut international d'études sur le plomb et le zinc (ILZSG), le marché mondial du zinc était en excédent de production de 40 000 tonnes en janvier (légèrement inférieur à celui de décembre), tandis que le marché du plomb enregistrait un surplus de 3 000 tonnes (contre un déficit de production en décembre). L'ALUMINIUM est tombé cette semaine à 1 915 dollars, au plus bas depuis quatre mois, lui aussi miné par la surproduction de métal. Selon un rapport de l'Institut international de l'aluminium (IAI), publié mercredi, la production mondiale d'aluminium est ressorti en février à 3,68 millions de tonnes, en hausse de 2,4% sur un an, notamment grâce à un bond de 11% de l'offre chinoise. En février, le volume produit quotidiennement dans le monde était de 131,60 tonnes, un niveau record, en hausse de 4% par rapport en janvier. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7 668 dollars cette semaine contre 7 770,50 dollars une semaine plus tôt à la même heure. L'aluminium valait 1 941 dollars la tonne contre 1 968,75 dollars. Le plomb valait 2 186 dollars la tonne contre 2 226,25 dollars. L'étain valait 22 850 dollars la tonne contre 23 900 dollars. Le nickel valait 17 085 dollars la tonne contre 17 115 dollars. Le zinc valait 1 949 dollars la tonne contre 1 964,25 dollars.