Voilà donc Israël qui veut montrer une autre image de lui-même, à travers les élections législatives de ce 10 février pour le renouvellement de la Knesset et la désignation de son futur Premier ministre. Tzipi Livni ou Benyamin Netanyahu. Pour les Palestiniens, ces deux sinistres personnages qui se sont distingués, l'un comme l'autre, par les pires atrocités à Ghaza et en Cisjordanie, «sont les deux faces d'une même monnaie». Demain, dans quelques jours, une ou deux semaines au plus tard, le Parlement israélien, atomisé comme jamais (ou soudé), enverra ses Apache et ses blindés bombarder les écoles palestiniennes pour présenter ensuite ses excuses à la communauté internationale et ouvrir une enquête autour de «la bavure». Un air galvaudé dans une «démocratie» barbare, fabriquée généreusement en Occident depuis le scandale de la création en 1947 de l'Etat d'Israël, on sait comment, dans quelles conditions et pour servir quels intérêts. En Israël, s'agissant du problème palestinien, il n'y a ni gauche, ni droite, ni extrême droite. Depuis 1947, ce sont les mêmes objectifs poursuivis par les dirigeants du Parti travailliste, du Likoud ou de Kadima, avec les mêmes moyens et aux mêmes conséquences sur l'instabilité de la région. Il faudrait donc être naïf pour voir dans les élections de ce 10 février autre chose que la mise en œuvre de la seule raison de vivre de l'Etat hébreu : ne pas retourner aux frontières de 1967, ne pas entendre parler du droit au retour des réfugiés, et faire d'El Qods sa capitale éternelle. Les Arabes auraient tort de se faire des illusions sur le choix du futur Premier ministre, de se laisser convaincre que Livni est préférable à Netanyahu. Pourquoi donc le serait-elle alors qu'elle a été pointée du doigt au plan international pour crimes contre l'humanité, elle, Ehud Olmert et Ehud Barak. Pour arriver au pouvoir, il n'a pas hésité à raser Ghaza, chose que Netanyahu, l'homme le plus haï en son temps dans les territoires palestiniens, n'avait pas fait. Enfin pas encore puisque le travail n'est pas terminé et il aura, s'il était élu, tout le temps de parachever ce qu'ont fait ses prédécesseurs comme barbarie et massacres à grande échelle. Interrogée hier par les journalistes sur place sur les élections en Israël, une jeune Palestinienne de Ghaza a eu cette observation judicieuse : «La gauche, la droite ou le centre ont différentes plateformes qui convergent vers un même objectif, le sang palestinien.» Voilà à quoi se prépare la population palestinienne. A vivre les prochains jours la suite du feuilleton de guerre barbare : 1400 tués et 5500 blessés, le tiers dans les deux cas des enfants. La communauté internationale peut toujours se donner bonne conscience en envoyant des secours à Ghaza. On voit d'ici les messages de félicitations affluer à Tel-Aviv pour Livni ou Netanyahu, avec le souhait de voir reprendre le processus de paix israélo-palestinien. On commencera à oublier «l'enfer de Ghaza», histoire de tourner la page, pour regarder vers l'avenir, parce que tel sera le message du futur Premier ministre israélien. Gagner du temps comme par le passé et le temps fera le reste. Les prétextes ne manqueront pas pour envoyer le processus de paix aux calendes grecques et programmer de nouvelles opérations contre le «mouvement terroriste» palestinien. Ni les pays occidentaux, responsables historiques du drame palestinien, ni les Nations unies, encore aux mains du veto américain, n'y pourront rien.