Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a reçu ce vendredi Christopher Ross pour la première fois depuis le 7 janvier, date à laquelle son envoyé spécial pour le Sahara occidental avait «officiellement» succédé à son prédécesseur, le Hollandais Peter van Walsum. Il faut certes dans cette première prise de contact un encouragement du SG de l'ONU pour le diplomate américain de carrière qu'il a choisi pour sortir le conflit sur l'ancienne colonie espagnole de l'impasse diplomatique dans laquelle il s'est enlisé depuis novembre 1975, date du retrait de l'Espagne de son ancienne colonie et son occupation par le Maroc et la Mauritanie, avant que Nouakchott ne se retire définitivement du territoire voisin qui passe alors entièrement sous occupation marocaine. Ban Ki-moon mise, selon un communiqué remis ce matin à la presse à New York, sur «l'expérience diplomatique de M. Ross et sa parfaite connaissance de la région», où il a été en poste de longues années, notamment comme ambassadeur à Alger. C'est un atout aux mains du diplomate américain dont le départ imminent pour la région est annoncé depuis des semaines. Bien que bénéficiant de cet avantage, donc d'un préjugé favorable au départ puisqu'il connaît le dossier du Sahara occidental dans ses moindres détails, la question restera de savoir s'il va réussir là où M. Walsum a échoué. L'expérience diplomatique et la parfaite connaissance du dossier en question c'est nécessaire mais pas suffisant pour convaincre le Maroc et le Front Polisario d'arriver à une solution définitive du conflit. Or Rabat campe sur ses positions, «pas question d'autre voie que celle avancée dans le plan d'autonomie marocain». Le gouvernement marocain a averti, la semaine dernière, que M. Ross «sera reçu aimablement, mais que nous exprimerons fermement notre attachement à l'unité du pays». Voilà donc qui laisse planer tous les doutes sur l'issue du prochain round de négociations à Manhasset au sujet de quoi personne n'ose miser le plus maigre espoir. Le diplomate américain sait donc mieux que quiconque qu'il faut que la communauté internationale s'implique directement dans les négociations entre les deux parties en conflit. La conjoncture politique marquée par le changement à la tête de la Maison-Blanche avec l'arrivée de Barack Obama, pourrait aider à débloquer la situation et sortir ce conflit de l'impasse diplomatique. La nouvelle administration américaine pourra-t-elle faire pression sur ces négociations directes afin de faire valoir le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, la seule clé du problème ? C'est possible dans la mesure où cette alternative à la neutralité passive observée jusqu'à présent par Washington avait été envisagée par l'ex-secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, lors de sa tournée maghrébine en 2008. De leur côté, des gouvernements européens comme celui de la France, alliée inconditionnelle de Rabat sous le président Chirac, et d'Espagne, responsable historique et moral du drame sahraoui, peuvent aider – pour peu que l'on s'écarte des intérêts particuliers au profit des principes du droit international – à abréger le drame que vit le seul territoire au monde dont la colonisation a été contrariée. Avec l'implication des Etats-Unis, et le coup de main sans calculs politiciens de certaines puissances européennes, on pourra, en effet, conclure que Christopher Ross réussira là où ses prédécesseurs ont échoué. M. Walsum développait une position qui s'inclinait dans le sens des thèses marocaines, c'est pourquoi le Front Polisario l'a disqualifié, et James Backer à cause des encouragements de Paris et de Madrid à l'inflexibilité et au rejet par Rabat du plan qui porte le nom de l'ancien secrétaire d'Etat. Au moment où M. Ross s'apprête à se rendre dans la région, Elena Valenzuelo, la secrétaire aux relations extérieures et à la coopération du Parti socialiste espagnol au pouvoir, est déjà sur place à Rabat, depuis hier. Objectif de sa visite : renforcer les liens d'amitié et de coopération avec le Maroc et entreprendre des contacts tous azimuts avec le gouvernement et la classe politique marocains. Jusque-là rien d'anormal. Sauf que Mme Valenzuelo, comme M. Moratinos, sont connus en Espagne pour obéir au doigt et à l'œil à Rabat.