Ils ont l'argent, des appuis à tous les niveaux et des armes qu'ils n'hésitent pas à utiliser contre les forces de l'ordre. La connexion entre les groupes mafieux et le terrorisme a donné naissance à une nouvelle race de terroristes structurés en groupes autonomes activant dans le Grand-Sud. Avec des moyens de guerre, ils viennent d'entrer dans les annales du grand banditisme en Algérie. Cela s'est passé il y a quelques jours à El-Oued. Ironie du sort ou simple hasard, c'est là où a été commis le premier attentat terroriste, qui a marqué le début de dix ans de feu et de sang dans le pays. Pour les services de sécurité qui ont redoublé de vigilance, il s'agit de ne pas trop se précipiter dans des interprétations hasardeuses. Il faut attendre les résultats des recherches. «Il faut laisser les choses dans leur contexte», nous a indiqué une source de la Gendarmerie nationale qui s'est contentée de dire qu'il s'agit «d'un groupe non identifié repéré lors d'une patrouille de routine dans la commune de Djemâa» au nord d'El-Oued. Ce groupe préparait quelque chose dans le désert. Il n'appréciait pas la présence d'«intrus», particulièrement les forces de l'ordre. S'agit-il d'un groupe terroriste que recherchent les forces de l'ordre depuis plus d'un mois? Il ne nous a pas été possible de confirmer ou d'infirmer cette piste par nos sources qui ont refusé d'avancer une hypothèse. Toutefois, il a été établi que les gendarmes du désert ont senti une drôle d'odeur, cette nuit-là: celle du grand trafic de cannabis. Pour certains, rompus à la lutte contre la contrebande, il n'y a aucun doute. Mais la nouveauté dans cet épisode de lutte contre les contrebandiers, consiste à retenir que les gendarmes qui ont accroché les malfrats ont dû faire face à une résistance hors du commun. «C'est la première fois qu'un groupe de trafiquants de drogue utilise des moyens de guerre pour repousser les attaques de la Gendarmerie nationale», relève-ton. Les échanges de tirs ont duré pas moins de cinq heures. La déduction qui saute aux yeux est que les contrebandiers disposaient d'armes de guerre et qu'ils semblaient en maîtriser l'usage, assez bien en tout cas pour échapper aux gendarmes. A bord de voitures utilisées généralement pour le trafic de cannabis, ils se sont mystérieusement volatilisés dans le désert. Nos sources indiquent, à cet effet, que ces trafiquants connaissent bien la région et disposent de relais se déployant jusqu'en Libye. Le groupe en question a été repéré lors d'une patrouille de routine dans la localité de Djemâa dans la wilaya d'El-Oued. Visiblement bien équipés en armes, les éléments de ce groupe ont tenu tête à la déferlante de balles de la gendarmerie pendant plus de cinq heures avant de prendre la fuite à bord de voitures hyperrapides des Toyota «Station». Aucune victime parmi les forces de l'ordre qui ont perdu la trace du groupe après une longue course-poursuite dans le désert. Il s'agirait, selon une source crédible proche des services de la gendarmerie, d'un groupe de trafiquants de drogue qui connaît parfaitement les grands chemins du désert. «Jamais les trafiquants n'ont utilisé des armes de guerre pour échapper à la gendarmerie», a affirmé notre source, en commentant l'incident. Cela constitue un autre indice qui consacre le lien entre le terrorisme et les milieux mafieux. Le groupe en question aurait pris la direction des frontières avec la Libye. Toutes les opérations de recherche, de renseignement et de ratissage dans l'est et le sud-est du pays, ont confirmé les conclusions des services de sécurité. Elles ont, en outre, abouti à des résultats à vous couper le souffle. Cela étant, et selon le recoupement d'informations les services de sécurité ont adapté les mesures de sécurité en fonction du nouveau redéploiement des groupes armés. Cela, en intégrant le mode opératoire du grand banditisme avec celui du terrorisme.