«Si les autorités algériennes ne sont pas derrière Bush et Blair, qu'elles le disent clairement.» Intervenant quarante-huit heures après le déclenchement des frappes contre l'Irak et la tenue d'un rassemblement de soutien au peuple irakien à la place du 1er-Mai réprimé par les forces de l'ordre, cette conférence de presse de Mme Hanoune s'est voulue un violent réquisitoire contre la position officielle de l'Algérie vis-à-vis des événements graves qui se déroulent en Irak et une condamnation sans limites de l'agression US. «Nous sommes très en colère parce que c'est la guerre. Nous sommes devant la réalité d'une guerre double dont les retombées seront incalculables», a dit sur un ton véhément la porte-parole du PT. «Jeudi dernier, nous pensions, à tort d'ailleurs, que les dirigeants de ce pays allaient changer de position en autorisant les marches», il n'en sera rien du tout. Bien au contraire. «La télévision algérienne a fait dans la provocation et les manifestations que nous avons programmées à Mila (jeudi et vendredi) et à Annaba, hier, ont toutes été interdites», a indiqué Mme Hanoune. Revenant sur ce qui s'est passé jeudi après-midi à la place du 1er-Mai à Alger, l'oratrice a tenu à témoigner que «des coups de feu ont été tirés par les policiers et un journaliste a failli être tué». Pour elle, la couverture faite par l'Entv de ces marches et des frappes ainsi que de la répression des manifestants est «une provocation». Analysant le communiqué de la présidence de la République de jeudi dernier et l'intervention du ministre des Affaires étrangères sur le plateau de la télévision dans la soirée, la porte-parole du PT n'a pas mâché ses mots pour dire que «la position algérienne est inconnue et terrifiante». On continue, selon elle, «à parler de respect de la légalité internationale alors qu'il y a intervention contre un Etat souverain». Elle poussera plus loin en disant: «Si Bush a obtenu le feu vert du Conseil de sécurité par le chantage et la menace, l'Algérie serait donc disposée à envoyer des soldats pour tuer des Irakiens!» Dans la foulée, elle interpelle le gouvernement: «Si l'Algérie ne fait pas partie des 15 pays arabes qui soutiennent en catimini la coalition US, qu'on nous le dise en des termes clairs.» Autrement dit, qu'«on désigne nommément Bush et Blair comme responsables de ce qui se passe». Concernant la minute de silence d'hier à midi demandée par le gouvernement, Louisa Hanoune dira: «On ne va pas enterrer le peuple irakien.» Pour ce qui est de la proposition du bureau de l'APN d'aller vers l'ambassade irakienne, elle a répliqué: «Nous demandons d'aller aux ambassades des pays faisant partie de la coalition contre l'Irak», comme elle souligné un retour en arrière par rapport à la première guerre du Golfe durant laquelle les Algériens ont pu marcher vers les ambassades US et française. Enfin, Louisa Hanoune a annoncé que son parti ne s'arrêtera pas de marcher et que le pouvoir peut encore tirer son épingle du jeu «en autorisant les marches et en laissant le peuple exprimer son refus de cette guerre qui ne s'inspire pas de la légitimité des peuples».