Les Américains n'arrêtent pas uniquement les ex-dignitaires du régime déchu. Toute personne qui a milité par le passé contre les politiques israélienne et américaine au Proche-Orient, et qui se trouverait actuellement en Irak occupé serait arrêtée et punie pour ses activités antérieures. Le militant palestinien Abou Al-Abbas, nom de guerre Mohamed Abbas, vient de l'apprendre à ses dépens. Il a été arrêté hier à Bagdad par les forces spéciales américaines. Qui est Abou Al-Abbas et pourquoi a-t-il été arrêté, lui qui n'est pas ressortissant irakien et encore moins ex-dignitaire du régime déchu de Saddam Hussein? Il faut savoir que cette personnalité palestinienne est née en 1948 dans le village de Tirat près de Haïfa en Palestine alors sous mandat britannique. Il est membre fondateur, et par la suite, principal dirigeant du Front de libération de la Palestine (FLP), une formation présentée comme pro-irakienne, issue d'une scission en 1976 du FPLP Commandement Général. Cette formation fait partie de l'Organisation de la Libération de la Palestine (OLP) dont le président est Yasser Arafat et son chef, occupa même un siège au Comité exécutif de la centrale palestinienne. En avril 1996, dans le sillage des fameux accords d'Oslo de septembre 1993 accordant l'autonomie négociée sous l'égide des Etats-Unis des territoires occupés par Israël en 1967, M.Abou Al-Abbas fut même autorisé par Tel-Aviv à entrer dans la bande de Gaza et voter lors d'un Conseil national palestinien (CNP) l'abrogation des articles de la Charte de l'OLP préconisant la destruction de l'Etat hébreu. A cette occasion, le leader du FLP s'est expliqué sur les accusations dont il est accablé aujourd'hui, à savoir son rôle dans l'affaire du détournement du paquebot «Achille Lauro» durant lequel un juif américain trouva la mort, en estimant que cet épisode faisait partie du «passé» et qu'il s'agissait d'une «erreur». Mais les autorités américaines actuelles ne l'entendent pas de cette oreille. Le FLP a été porté sur la liste noire des organisations dites «terroristes» dressée par le Département d'Etat et, plus grave, le chef du mouvement est présenté non seulement comme le principal instigateur du détournement du navire de croisière italien, mais aussi comme responsable, entre autres, d'une tentative avortée de débarquement de commandos palestiniens en mai 1990 sur une plage au sud de Tel-Aviv. Autrement dit, ça tient du délire que d'un simple dérapage de la part d'une autorité occupante. Voilà pourquoi, le principal négociateur palestinien du prétendu processus de paix israélo-palestinien-(actuellement à l'arrêt)-, M.Saeb Erakat, a exigé de «l'administration américaine de faire libérer immédiatement Abou Al-Abbas et de respecter ainsi l'accord intérimaire de 1995 entre l'OLP et Israël». D'ailleurs, ledit accord a été co-signé par l'ex-président Bill Clinton et stipule que des membres de l'OLP ne peuvent être arrêtés et jugés pour des actes commis avant la signature des accords dits de paix de septembre 1993. Alors les Américains sont-ils en train de faire la police pour Israël, et ainsi réduire au silence et au cachot tous ceux qui ne partagent pas les vues futures de Sharon sur le Proche-orient? L'avenir le dira.