C'est une sombre affaire qui vient d'éclabousser la première discipline sportive du pays. Mercredi dernier, à l'occasion de la tenue de l'assemblée générale ordinaire de la FAF, Abdelmadjid Yahi, le président de l'USChaouia, a tenté d'obtenir du président de l'instance dirigeante du football algérien, la suspension du championnat du groupe Centre-Est de la division 2 tant que l'affaire du match USTébessa-CSConstantine n'aura pas été traitée d'une manière définitive. Le vendredi 11 avril, en match retard de cette compétition, le club de Constantine avait battu, sur son terrain, son homologue tébessi sur le score de 3 buts à 0 et s'était emparé de la première place du groupe au détriment de l'USC. Le lendemain de la rencontre les dirigeants de l'UST faisaient savoir que des dirigeants du CSC avaient tenté de soudoyer certains de leurs joueurs. Ils tenaient cela de leur joueur, Hachichi, qui leur aurait fait savoir que les dirigeants constantinois lui auraient remis un sac en matière plastique renfermant la somme de 75 millions de centimes à partager avec ses camarades qui l'auraient suivi dans la combine. Un fait nouveau est apparu à l'occasion de cette affaire à savoir que, pour la première fois, un dépôt de plainte pour tentative de corruption a été fait au niveau de la sûreté de la wilaya de Tébessa. Cette réaction de la part des dirigeants du club tébessi n'a pas manqué de soulever l'admiration des deux principaux responsables du football algérien, MM.Raouraoua et Mechrara, qui ont tenu à les féliciter. Pour Abdelmadjid Yahi, les Constantinois sont coupables. Il faut qu'ils paient pour cela et que leur club soit sanctionné. La réglementation prévoit, en effet, la rétrogradation du club dont les dirigeants ont été reconnus coupables de corruption. Le président de l'USC demande même à être reçu par le président de la LNF, histoire de lui prouver que ce qu'il dit est vrai. On peut douter qu'il soit entendu car il n'est pas engagé directement dans l'affaire. S'il y a quelqu'un qui peut revendiquer de voir M.Mechrara c'est bien le président de l'UST. On peut, donc, se poser des questions sur cette omniprésence de Yahi et la pression qu'il met pour avoir gain de cause alors que les Tébessis assurent avoir déposé plainte. Yahi n'aurait-il pas confiance en la police? Cela en sachant que le président de la LNF a dit qu'il n'interviendrait pas tant que la justice n'aura pas tranché sur le dossier. Celui qui est visé par Yahi n'est autre que Noureddine Ounis, membre du directoire du CSC et ex-président de...l'USTébessa. Ce dernier, que nous avons pu rencontrer le jour de l'AG de la FAF paraissait tout à fait serein. «Sachez que c'est moi qui veux que toute la lumière soit faite sur cette affaire», nous a-t-il dit. Et d'ajouter: «j'ai, à mon tour, déposé plainte pour diffamation. Et je ne l'ai pas fait au commissariat mais auprès du procureur de la République de Constantine. Je veux être confronté au joueur de l'UST car c'est comme cela que la vérité jaillira». Pour Ounis tout ceci n'est qu'un coup monté de toutes pièces. «Il y a des gens à Tébessa qui ne m'ont pas pardonné d'avoir quitté l'UST. Ils accusent celui qui était mon secrétaire à l'époque d'avoir tenté d'acheter des joueurs. Ils en répondront devant la justice». Bien entendu Yahi n'est pas oublié par le dirigeant du CSC. «C'est lui qui a tout manigancé. Il a peur de voir son club rater l'accession. Il utilise, alors, toutes sortes de moyens pour avoir gain de cause. Tout le monde sait que s'il y a un spécialiste de la magouille, c'est bien lui. En outre il clame partout que la FAF est entre ses mains et qu'il obtiendra de sa part tout ce qu'il voudra. Vous savez lorsqu'il a appris que j'allais retourner au CSC, il m'a téléphoné pour me dissuader de le faire». Nous avons pu, également, rencontrer l'un de responsables de l'USTébessa en la personne de Salim Maâlem qui nous a confirmé le dépôt de plainte auprès du commissariat de la ville. «Hachichi, le joueur qui a été approché par les Constantinois nous a dit qu'il devait partager les 75 millions de centimes avec deux de ses camarades qui, eux aussi, avaient été contactés. Le jour du match notre avant-centre, inscrit sur la feuille de match n'a rien dit mais dès qu'il a appris que nous venions de saisir la police et que nous avions en notre possession l'argent de la magouille, il nous a demandé à le dispenser du match. Il faut que la justice fasse son travail et qu'elle détermine les vrais coupables». Tout est, donc, entre les mains de la justice dont on espère qu'elle agira avec célérité car il s'agit d'un dossier impliquant des clubs de football drainant derrière eux des milliers de supporters dont l'ambition est de voir leur club favori accéder en division 1. Mais il faudra aller au fond des choses car il s'agira de trouver ceux qui sont en train de salir cette discipline sportive et qui l'ont tellement avilie qu'elle ne jouit, presque plus, de crédibilité.