Après une expérience très enrichissante chez un major de disques des plus prestigieuses, en l'occurrence Island/Universal, les cinq enfants terribles d'Hussein Dey renouent avec leur public algérien. Wellew lui est exclusivement dédié. Ils se sont imposés en dignes porteurs de la veine rap en Algérie. Halgira, Rabah, M'hand, Redouane et Yacine le compositeur signent leur quatrième album qui paraît chez Dounia Edition. Houmti l'Hussein-Dey fait déjà le tour des ondes radio et rencontre un réel engouement auprès des jeunes auditeurs. Le choix de la date de sortie est à lui seul révélateur de l'énergie qui nourrissent les jeunes membres du groupe. Le 5 Octobre est l'hommage qu'ils ont voulu rendre à une génération qui tout comme eux était prise dans une tourmente dont elle ne saisit toujours pas le sens. Le parcours du groupe est des plus intéressants. D'abord de par la discipline qui les a portés au succès, le rap. Un genre sur lequel aucun éditeur de disques, à l'époque de leurs premiers pas aux côtés des Intik et des Hamma Boys, n'a voulu miser. Les radios et la télévision les ont boudés. C'est en grande partie grâce au défunt Chrif Aflah que le groupe est arrivé à faire son incursion dans le paysage audio algérien. Les résultats des efforts de ce producteur avisé ont été éclatants. En 1998, le premier album de MBS, Ouled El Bahdja totalise une vente de 60.000 exemplaires. Aouama casse la baraque, quelques mois plus tard, avec 100.000 exemplaires. Une performance. MBS se vend comme des petits pains et les chanteurs de raï, musique considérée jusque-là comme reine, avaient de quoi pâlir de jalousie. L'ascension ne s'arrête pas là. Sélectionné par Virgin pour figurer sur une compilation, Algerap, distribuée en France, MBS se retrouve sur la scène parisienne et se fait accrocher par une véritable machine à fabriquer des stars, Island/Universal. L'album éponyme qui en découle, Le Micro Brise le Silence, sorti en printemps 2000, est chaudement accueilli par la presse spécialisée de l'Hexagone. Le groupe, quoi que amputé de la présence féminine de Halgira, se pliera aux sollicitations des médias et s'embarque dans une série impressionnante d'interviews. MBS est partout, dans la presse, sur Internet et fait même une apparition sur MCM Africa, une chaîne satellite de musique, à l'occasion d'un concert. Les membres du groupe évoquent lors de ces apparitions les dures réalités auxquelles sont confrontés les jeunes de leur âge, la mal vie et l'errance. A la lecture du presse-book du groupe on devine que le discours servi aux médias répondait, en fait, à une politique de l'image instaurée par la maison de disques qui les a pris en charge. L'Algérie est le pays où des jeunes, rêvant de vivre, sont pris entre les bottes de l'armée et les barbes des intégristes. On nourrit l'imaginaire du gentil petit Français, une vision souvent étroite, faite de clichés et de tableaux pittoresques. MBS et les groupes entrant dans le même registre, de par le ton de leurs textes, s'incrustent sur la toile et symbolisent la résistance par la chanson, l'hymne à l'espoir. Les membres de MBS ont fait une expérience qui s'imposait et qui, on le souhaite, les aura grandis. Rabah, répondant à une question qui revenait souvent dans les interviews pour la promotion de son album et qui portait sur ses impressions au contact du rap français, ne cachait pas sa déception. Wellew, le quatrième album du groupe, a été enregistré en France et sera diffusé en Algérie.