Avant et pendant la campagne électorale, on a mis sur le dos de manipulateurs occultes les nombreuses émeutes qui ont émaillé à travers le territoire national le parcours des différents candidats. La résurgence de ces émeutes ne peut qu´infirmer cette thèse. Les masses d´argent distribuées avant les élections n´ont pas produit l´effet escompté: ou bien elles n´ont pas encore été distribuées ou bien elles n´ont pas atterri dans les poches de ceux qui en avaient le plus besoin. Après Khenchela, Adrar, Laghouat, c´est Bordj Bou Arréridj qui est le théâtre de l´explosion de la colère des jeunes chômeurs. Et à l´origine de cette protesta, c´est l´intervention d´un entrepreneur au cours d´une émission télé (il est heureux de constater qu´il y a des émissions TV qui ne laissent pas les gens indifférents), disant qu´«il n´y a pas de chômeurs mais seulement des jeunes qui ne veulent pas travailler». Les chômeurs ont répliqué par des manifestations violentes... Tous les deux ont raison, comme disait le poète. Il y a beaucoup de jeunes chômeurs et beaucoup de jeunes qui ne veulent pas travailler. A l´origine, il y a la formation des jeunes: un jeune qui est formé dans une filière donnée pour un poste de travail précis ne va pas «s´abaisser» à accepter un travail de manoeuvre dans les conditions imposées par un entrepreneur. L´Union générale des travailleurs algériens devrait se pencher sur le délicat problème du travail au noir. Beaucoup d´entrepreneurs dans les différents secteurs recrutent des travailleurs sans les déclarer aux assurances. Ces jeunes donc, ne pouvant postuler ni à la retraite ni à l´assurance-maladie. L´entrepreneur fait donc une sacrée économie en agissant de la sorte. Ajoutez qu´aux problèmes de recrutement (népotisme, régionalisme...) et de légalité (déclaration aux différentes caisses et au fisc) s´ajoute le problème de non-correspondance des prix pratiqués par les praticiens privés de la santé (médecin, laboratoires, cliniques...) aux plafonds de remboursement fixés par la caisse d´assurance. La non-prise en charge de ces problèmes par les courroies naturelles (syndicats, inspecteurs du travail et élus locaux) ne peuvent que favoriser ce mode d´expression qu´est l´émeute.