L'organisation décide d'accorder une période de grâce au gouvernement en renonçant d'emblée à l'idée de la deuxième grève générale L'organisation syndicale souhaite le remplacement de certains ministres pour pouvoir entamer un dialogue honnête et sérieux avec l'Exécutif. «Nous sommes confiants que la nomination de M. Ouyahia à la tête du gouvernement ne pourra que contribuer à estomper les tensions dans le front social sachant qu'il est fin connaisseur du dossier.» C'est ce qu'a déclaré, hier, à L'Expression M.Malki, le secrétaire général chargé des affaires économiques et des relations extérieures au niveau de la Centrale syndicale. Cet optimisme «immédiat» «n'est pas fortuit». Il épuise ses arguments dans le fait que «l'Ugta a eu déjà l'occasion de constater sur le terrain le sens de dialogue et de concertation de Ouyahia». Et pour cause «nous avons déjà travaillé avec lui dans le passé pendant trois ans sur des dossiers très complexes liés au devenir des travailleurs». L'Ugta conditionne-t-elle le retour au dialogue par le remplacement des ministres contestés sachant que, dans la vision de Sidi Saïd, l'ancien Chef du gouvernement, M.Benflis, était un homme de dialogue? N'est-ce pas ce même Sidi Saïd qui avait déclaré, au lendemain de la grève de deux jours: «Je n'ai rien à reprocher à l'actuel Chef du gouvernement»? M. Malki s'est montré au départ très peu prolixe en optant pour une position évasive selon laquelle «cette situation de crise ne pourra être imputée exclusivement à la démarche de quelques ministres issus de l'ancien gouvernement». Il ira plus loin en considérant que «ces hommes étaient chargés d'une mission bien précise. On leur reproche leur manque de concertation ainsi que l'absence de coordination au sein de l'équipe de M.Benflis». Mais devant notre insistance, M. Malki finira par lâcher que son organisation «souhaite le remplacement de certains ministres pour pouvoir entamer un dialogue honnête et sérieux». L'Ugta refuse donc de se complaire dans ce rôle passif de simple observateur. Elle stigmatise aussi la politique du fait accompli. «Nous exigerons désormais d'être associé à toutes les décisions qui concernent l'économie du pays.» Comme signe de bonne volonté à oeuvrer pour «la paix sociale», l'organisation décide d'accorder une période de grâce au gouvernement Ouyahia, en renonçant d'emblée à l'idée de la deuxième grève générale qui se profilait à l'horizon après les dernières sorties de M.Sidi Saïd. «Nous étions contraints de hausser le ton pour briser le dialogue de sourds qui menait le front social vers une véritable effervescence», précise M.Malki, qui ajoute que de nouvelles donnes s'imposent sur le terrain. «Nous avons actuellement comme partenaire une équipe nouvelle ayant besoin de temps pour se pencher sérieusement sur le dossier des réformes, mais nous restons tout de même confiants après l'appel au dialogue lancé par le Président de la République dans son message adressé à l'Ugta à la veille du 1er mai». Les responsables de L'Ugta se disent disponibles à mener des négociations pour satisfaire les revendications des travailleurs. «Des acquis ont été déjà arrachés à l'occasion de la dernière bipartite, et des discussions seront très prochainement entamées avec la future équipe de Ouyahia». L'organisation saura-t-elle garder cet optimisme au cas où MM.Chakib Khelil et Hamid Temmar seraient reconduits?