Tous les historiens et tous les politologues, ceux qui analysent finement la nature de chaque régime nous le diront; tous les régimes totalitaires se ressemblent et utilisent les mêmes artifices pour dominer et exploiter la communauté ou la nation qu´ils considèrent comme leur propriété privée. Qu´ils soient de gauche, communistes ou socialistes progressistes ou non alignés, formés par une classe bureaucratique que l´histoire a placés au pouvoir ou qu´ils représentent une ploutocratie formée par des grands propriétaires fonciers ou des marchands de quatre saisons déguisés en importateurs; leur comportement est le même: ils aiment la politique du grandiose, de l´emphase, et du tape-à-l´oeil. Les monuments qu´ils édifient sont à la mesure de la mégalomanie des dictateurs qui dirigent. D´ailleurs, ces derniers n´hésitent pas à s´affubler de titres ronflants qui dépassent les frontières du ridicule: le grand Timonier, le petit père des peuples, le Danube de la pensée, la montagne de lumière, El Moudjahid el Akbar, le guide suprême sont autant de titres qu´eux-mêmes ou les courtisans qui gagnent leur croûte par la flagornerie sont employés pour désigner ces grands malades souvent atteints de paranoïa. Les auteurs d´un livre d´histoire de classe terminale française ont eu la brillante idée d´illustrer leur livre par deux photos qui se côtoient et se font face et qui représentent deux grands monuments édifiés à la gloire des idéologies d´Hitler et de Staline. Cependant, d´autres caractères s´ajoutent aux représentants de ces régimes: ils aiment les grandes cérémonies, les grands défilés qui peuvent donner une image de leur toute puissance et des meetings, véritables grandes messes, où ils excellent à donner de leur éloquence et de leur rhétorique qu´ils maîtrisent à merveille. Pour donner le change et satisfaire les bas instincts des masses friandes de culte de la nation, ils excellent à flatter le peuple en louant toutes les qualités...qu´il ne possède pas. Pour illustrer cet amour de la patrie, ils aiment, par-dessus tout, organiser de grandes manifestations culturelles où ils mettent à contribution tous les artistes dans toutes les disciplines possibles et imaginables; dans la musique, ils allient le folklore aux compositions symphoniques, convoquent les grands réalisateurs de films pour organiser des festivals bidon où des prix de complaisance sont distribués à des artistes qui avaient, jusque-là, croupi dans l´oubli quand ce n´est pas dans la misère...Ils s´entourent d´un aréopage de poètes qui savent composer des odes à la gloire du bienfaiteur de l´heure, se font faire des portraits grandeur nature dans les poses les plus valorisantes...Le peuple est invité cordialement à manger des yeux les spectacles hauts en couleur. Et le peuple mange des yeux. Il mange des yeux car le reste du temps son ventre est vide. Vous parlez! Faire la chaîne pour acheter un kilogramme de patates ou un ersatz de margarine. Pour calmer le peuple, les dictateurs livrent l´abstrait et gardent le couvert pour la classe qu´ils représentent. Qu´importe pour le peuple puisqu´il fait toujours beau autour du guide et que la révolution continue dans les têtes vides...