«Celui qui pille avec un petit vaisseau se nomme pirate; celui qui pille avec un grand navire s´appelle conquérant.» Proverbe grec Mascarades de Lyès Salem continue de rafler tous les petits prix de la planète. Le dernier en date a été remporté à Vues d´Afrique à Montréal, au Canada, où il s´est vu décerner deux autres prix pour garnir sa cheminée cinématographique. Or, le film a été retiré des salles en France, après un score honorable et après une semaine de diffusion dans des Maisons de la culture de dix wilayas et deux salles à Alger. Aussi, le film Mascarades est entré dans sa phase d´hibernation en attendant sa sortie en DVD, prévue pour 2010 en France et en Algérie. Mais contrairement à tous les films occidentaux sortis en salle en Algérie, le film de Lyès Salem n´a pas été confronté à la menace du piratage. Pourquoi? Pourtant, Banlieue 13, le dernier film de Luc Besson, sorti bien après Mascarades vient d´être piraté et vendu sur le marché de la capitale. Ainsi, les distributeurs algériens réfléchissent toujours deux fois avant d´acheter un film et le diffuser en Algérie, car s´il y a une certitude c´est que les films français ne sont pas piratés. Enfin pas tous. Les films français qui bénéficient d´un succès retentissant sont sujets à un piratage systématique. Le meilleur exemple: Mesrine de Richet avec Vincent Cassel, a été piraté et vendu en Algérie alors que le film venait de sortir dans les salles. Seulement, le film n´a pas été piraté en France, mais en Russie. En France, le contrôle est très rigoureux et aucun gérant de salle ne peut se permettre de filmer dans la cabine de projection ou d´autoriser un pirate de le faire. S´il est découvert, c´est la prison et la confiscation de la salle. Les plus grands pirates de films français sont les Irlandais et les Russes qui piratent pratiquement tous les films produits par Europa de Luc Besson. Ils filment l´image avec une camera HD en Russie et captent le son comme un simple spectateur grâce à un micro dans une salle parisienne. On colle le tout et ça fait une copie piratée du film français. Certaines salles de cinéma aux Etats-Unis disposent de capteurs d´infrarouge pour détecter éventuellement une caméra dans la salle. La mise au point de la caméra avec infrarouge dénonce le pirate qui est aussitôt repéré. Cette technique a été utilisée par George Lucas, lors de la sortie du dernier volet de Star Wars et le dessin animé inspiré de la même compagnie. Et si Mascarades n´a pas été piraté, c´est tout simplement parce que personne n´a besoin de le pirater, en France ou ailleurs. En Algérie, on ne pirate pas, on vend les DVD piratés seulement. Aucune boîte ne possède la technologie numérique pour pirater un film algérien. C´est pour cette raison que le film Barakat de Djamila Sahraoui n´est pas encore disponible sur le marché, alors qu´il est sorti en salles il y a presque quatre ans. Le film n´est pas encore sorti en DVD en France pour pouvoir le streamer sur Internet ou le copier en DVD. Ce qu´il faut savoir est que le cinéma algérien n´échappe pas au piratage parce que l´Onda est puissant mais parce que le film n´est pas disponible dans un format «piratable». Les films algériens sont piratés soit de la télévision (on le remarque par le logo) ou par fuite des archives (certains films sont sortis par des complices en format Beta et transférés en VHS) ce qui leur fait perdre des générations d´image et surtout qui déforme l´image d´un cinéma avant-gardiste. [email protected]