Abdessalam aimait une fille du village. C´est Saïd qui va l´épouser. Destin. Quelques années plus tard, Abdessalam est assassiné par Saïd, probablement par jalousie. La salle d´audience du tribunal criminel d´Alger fait en ces grosses chaleurs d´été 2009 l´effet d´une cellule pour l´assistance. Le temps que la composition criminelle entre solennellement sous la «baguette» de Latifa Kessenti, le temps des bribes de procédures s´achève, le temps de la fastidieuse lecture de l´arrêt de renvoi relatif au crime retenu: meurtre! L´ambiance se rafraîchit enfin avec l´interrogatoire. Et ce dernier émane des divers procès-verbaux des nombreuses auditions. Il apparaît des questions-réponses. Jugé-accusé que le nommé Saïd L. venu des Hauts-Plateaux avec son compagnon d´infortune à la recherche de boulot, avait assené à celui-ci le 23 avril 2008 des coups de pioche lorsque son compagnon avait soufflé qu´étant au village, chez lui, il avait passé une agréable nuit avec sa femme. D´ailleurs, sur cette lancée de cette «info-à-crime» maître Abdelkrim Bouderbal, l´avocat de Saïd, allait placer des «rivets» autour de l´état mental de son client, lequel voyait à tout bout de champ son épouse dans les bras d´un autre gus. Il est vrai qu´après son geste il s´était rendu chez les gendarmes, signalant qu´il venait de tuer l´homme qui a eu l´outrecuidance de coucher avec sa femme. Le corps sera trouvé dans le chantier où travaillait le duo, à Kouba. La très belle Kouba où l´assassin et sa victime s´étaient beaucoup démenés quelques mois auparavant pour dégoter un boulot juste pour rendre service à l´estomac et à l´appareil digestif. Comme toujours, pour ne pas heurter la sensibilité de ses conseillers et des jurés la juge va doucement avec l´accusé qui joue franc-jeu et n´essaie pas de faire perdre leur temps aux magistrats et jurés. Ayant été découvert dans les gravats de la construction en chantier Abdessalam, la victime, était pourtant recherchée par son frère qui allait d´un groupe d´ouvriers à un autre car ces jeunes travailleurs vivent en petites communautés venues d´un peu partout et, on les surprend souvent, jouant aux cartes, au domino, regardant la télé par affinité. Et ce frangin sera informé par un certain Kamel, un membre de la famille du propriétaire du chantier où le cadavre avait été trouvé gisant dans du sang qui avait perdu du moins sa couleur! Les faits graves étaient pourtant simples. «Il a été atroce avec moi en m´avouant son crime, je ne l´ai pas supporté. Vous comprenez donc mon geste!» avait déclaré entre autres l´assassin qui venait ainsi mettre le procureur général dans la «loge» des demandes de la peine capitale. Maître Bouderbal, qui avait auparavant réussi à poser de bonnes questions dont les réponses pouvaient rabaisser la peine maximale, avait plaidé les fréquents troubles psychiques qui affectaient l´accusé. Il avait rappelé que son client n´a jamais tenté de tuer qui que ce soit. C´est un dépressif. Le rapport d´expertise démontre si besoin est que «Saïd est à soigner, pas à condamner, encore moins à la peine capitale», avait dit le défenseur qui a tenu à rappeler que l´épouse de Saïd devait se marier avec Abdessalem mais le destin en avait décidé autrement. «Ce qui est déplorable c´est l´attitude de la victime qui a mis le feu aux poudres car dans notre société, comme d´ailleurs toutes les sociétés, on ne peut jamais dire à quelqu´un à la face qu´il est un cocu», a ajouté l´avocat brun de Bordj El Kiffan, lequel a tout de même soufflé à l´annonce du verdict: «Perpet et bye la peine capitale». «Non, la défense a des arguments solides pour introduire le pourvoi en cassation» «...car, poursuivra Maître Bouderbal, on n´envoie jamais un malade au bagne: on le soigne, un point, c´est tout!»