Les Chinois qui bossent dans la wilaya de Sétif sont à soigner, tant le sérieux prédomine... L´article 222 du Code pénal a été examiné dimanche dernier à Koléa dans la salle d´audience qui s´est avérée trop exiguë pour y tenir de grands procès où pas moins de quarante avocats assis, debout et dans les couloirs, se poussaient en attendant leur tour. Et l´article 222 qui vise le faux et l´usage de faux. L´inculpé-détenu est un chauffeur chinois qui est venu de la wilaya «19» pour se retrouver dans une juridiction située dans le territoire de la wilaya 42 et cette même juridiction relève de la «09»! Convenez que le détenu est un «Chinoque» qui a fait trois wilayas. Sétif, Tipasa et Blida et que le procès a eu lieu en arabe puisque l´interprète chinois-Aboubakeur est musulman et grand arabisant et le juge Hadj Barik Rabah, lui-même a des traits de l´épouvantable Fu-Men-Chu, ce film des années 40-50. Mais Hadj Rabah Barik, qui demeure l´un de nos meilleurs magistrats du pays, a beaucoup d´humour puisque de la première question adressée à «Chan», le chauffeur venant de Sétif et interpellé avec une carte jaune falsifiée entre Saoula et Birtouta, il a eu cette réflexion: «Ah! C´est bien. Pour un étranger vous maîtrisez très bien la langue arabe. Allons-y, voulez-vous?» Dans le lot, avec sa tête chauve et un minois plutôt sympathique, il y a ce formidable avocat, le défenseur de «Chan», Maître Mohammed Fethi Gueritli, qui complétait ce tableau où les débats n´étaient pas du tout du charabia, mais des débats sereins, surtout que l´inculpé avait laissé le champ libre à l´avocat d´expliquer les faits survenus. Il est nettement apparu que le véhicule appartenant à l´entreprise qui construit, ô comble de l´ironie, la prison de Chaïba (Koléa), avait un document falsifié. La date de péremption du papier avait été bricolée, ce qui a donné les poursuites nécessaires et l´interpellation du chauffeur pris au volant. Deux mots sur l´état mental de «chan» qui n´avait pas supporté d´être au box avec de vrais malfaiteurs, notamment trois trafiquants de cachets psychotropes, d´auteurs de coups et blessures volontaires à l´aide d´une arme blanche et autres coupables de coups et blessures contre ascendant! Démoralisé, ne comprenant pas un traître mot de ce que disaient le juge Barik, Samir Hamel, le représentant du ministère public et l´avocat Maître Gueritli qui, causait directement avec l´interprète, lequel faisait son boulot avec le sourire, histoire de donner une bonne image de quelqu´un qui a vu rouge en étant au vert et qui rit... jaune! Un comble pour un Chinois! Ce qu´il ne faut pas oublier de mettre sous les feux de la rampe, c´est la remarquable plaidoirie du défenseur qui a réussi à bien expliquer qu´il était impossible de trouver l´auteur du faux, car dira le conseil, «ledit véhicule peut être conduit par n´importe quel employé...chinois!». Aboubakeur, l´interprète veillait! Le juge semblait être convaincu de la justesse des propos du défenseur qui avait commis un lapsus (voir et lire) ci-contre, qui avait soulevé l´hilarité générale de la nombreuse assistance parmi laquelle beaucoup de parents, venus soutenir leurs rejetons poursuivis pour divers délits, notamment les vols de portables, les vols par effraction, des fléaux rudement combattus par les services de sécurité dont l´effectif gagnerait à être renforcé car Koléa de 2010, n´a rien à voir avec la «Citadelle» de 1990! Et même le tribunal ne peut plus contenir la marée humaine qui prend d´assaut les guichets, les bureaux des juges d´instruction, et les salles, petites mêmes exiguës, d´audience. Enfin, revenons à l´audience du jour pour évoquer Maître Gueritli, l´avocat du «Chinois du 19» relaxé finalement et nous avions noté le geste auguste du défenseur qui a passé sa grosse main sur son crâne chauve: un geste de gri-gri? Probablement, mes amis!