«Toutes nos fortunes viennent de se transformer en cauchemar.» En cette année 1999, les locataires de la cité Cnep, 52 Logements, viennent d'acquérir les clefs de leurs appartements. La porte ouverte, on pensait déjà aux réfections à entreprendre pour permettre «aux goûts de la vie» d'acquérir une place au soleil. En cette année là, la joie est à son comble. «On est chez soi», diront ce médecin, ce professeur d'université...enfin, cette multitude de fonctionnaires dont le rêve s'est enfin réalisé. En ce mois de mai 2003, les visages, hier rayonnants, sont tout d'un coup, devenus blêmes. Les sourires ont disparu pour laisser place à cette «peur» qui ne dit pas son nom. A chaque froufrou d'une feuille, à chaque bruit de casserole, de vrombissement de moteur, les sens sont en alerte. «Tout bouge autour de nous», rediront ce médecin, ce professeur d'université...enfin, cette multitude de fonctionnaires dont le rêve est brisé. En effet, quelque part, il y a comme «une inconnue» qu'il faut chercher, analyser et à laquelle il faut trouver un remède, une solution adéquate. Cette «merveille» d'immeuble est, tellement fissurée, qu'on a peur de s'approcher des murs. Les lits, les ustensiles, les livres...tout le matériel «caché» au regard d'autrui se retrouve dehors. La peinture rose et blanche des murs, les lustres ciselés, les rideaux...n'ont plus de valeur. Les matelas s'amoncellent à l'extérieur pour être étalés la nuit venue, à la belle étoile et servir de couchettes de fortune. Tout le monde, dans cette cité au coeur même de la ville de Birtouta, n'arrive pas à comprendre cette «malédiction». Le séisme du 21 mai dernier a laissé des traces indélébiles et créé une atmosphère pleine d'amertume, de désespoir devant le manque de réconfort de la part des autorités locales et le propriétaire des habitations, à savoir la Cnep. Pour ces locataires, il y a une «faille» au niveau de la réalisation. Quelque chose ne tourne pas rond. «On est allé voir l'APC, les services techniques et les services de la wilaya. Tout le monde refuse d'entendre nos doléances. Nos murs sont fissurés. Même la structure est touchée. Que faire dans ce cas?». «Recourir au tribunal» est une idée qui commence à germer dans les têtes de ces locataires car, en moins de trois années d'occupation, il est impossible qu'une telle bâtisse tombe en ruine. En face de cet immeuble, une vieille bâtisse «n'a guère été endommagée», remarquent ces désespérés. Bien sûr, d'autres immeubles ont connu les mêmes aléas. Il s'agit des logements sociaux et d'un autre relevant d'une coopérative privée. Ainsi, la vie de ces locataires n'est pas «rose». On se retrouve, la nuit tombée et la matinée venue, à affronter, par intermittence, la fraîcheur et le soleil ardent. «Même sur le plan de la distribution des tentes, on nous a oubliés.» L'image hideuse de ces bâtisses ne peut laisser les responsables indifférents, car Birtouta est considérée comme zone sinistrée. Un peu d'égard envers ces citoyens, messieurs les responsables