Ils ont été des dizaines, voire des centaines, à avoir fait leur acte de bravoure pour sauver des hommes de sous les décombres ou de leurs blessures. Cependant, ce choix - arbitraire et somme toute aléatoire - permet, en trois portraits succincts, de voir de près ceux qui ont veillé, peiné, sué et mis leur vie en danger pour sauver celle des autres. Le soldat Ouadah fait partie du 31e GIR de Djelfa dépêché à Boumerdès pour prêter main forte aux secouristes. Dès la nuit du 21 mai, il est en route vers la ville. Dès qu'il arrive, à l'aube, il se faufile grâce à sa silhouette longiline sous les décombres. «C'est un rat», disent ses compagnons. Lui, il acquiesce: «Oui, je suis un rat d'égout. Je suis né pauvre à Tiaret et j'ai grandi dans les quartiers malfamés près des gouttières et des ordures. J'ai, dès lors, acquis une grande capacité d'agir dans des conditions d'extrême difficulté.» Son point d'honneur est d'avoir sauvé trois personnes vivantes coincées sous les décombres d'un bâtiment de la cité des 220 Logements du centre de Boumerdès. «Il s'agit d'une femme, d'une jeune fille avec qui je suis resté 39 heures pour pouvoir la faire sortir de sous une énorme poutre et d'un jeune garçon». La jeune fille s'appelle Sarah Abdiche, elle âgée de 23 ans et se porte bien aujourd'hui. Elle était coincée entre une poutre et un bloc de pierre et «El-Far» a pu, après plusieurs va-et-vient, percer un trou dans les dalles, effondrées les unes sur les autres, lui apportant tantôt de l'eau, tantôt à manger pour pouvoir enfin la délivrer sous les applaudissements de la foule. Hormis les vivants, il a retiré plus de 150 corps sans vie des décombres de Boumerdès. Il a pu aussi récupérer une somme importante d'argent et de l'or des décombres qu'il a remis au commandement du groupement de Boumerdès. Depuis, c'est la grande star du GIR en mission à Boumerdès. Khaled El-Far, c'est un grand garçon, un grand coeur plein de générosité, d'altruisme et de don de soi.