Yazid Zerhouni a entrepris de tout tenter, même des coups fourrés, pour atteindre son but. Brahim Akrouf est, comme on dit, un fonctionnaire modèle. Neutre, mais aimant son pays comme tout fonctionnaire qui a accepté d'y vivre sans rien exiger de la terre qui l'a vu naître. Des témoins assurent qu'il a toujours gravi les échelons de l'administration sans demander à ce qu'on lui fasse la courte échelle pour grimper dans la hiérarchie administrative. S'il a été promu «directeur de la vie associative» ce n'est sûrement pas par «piston», mais par l'effort dans le travail, la compétence, l'intégrité morale et la probité... Dans sa naïveté de cadre obéissant aveuglément au règlement quoi qu'il advienne, c'est à lui qu'échoit la tâche d'accuser réception des documents que la loi de 1997 exige des partis politiques de transmettre au ministère de l'Intérieur, dans un délai d'un mois, après la tenue de leurs congrès respectifs. C'est donc lui le fautif qui a osé déranger ce qui, aux yeux du ministre de l'Intérieur, devait rester «sacré». Par conséquent, sa tête a été mise à prix au motif, étrangement apocryphe, qu'il a «osé» transgresser une règle que le commun des mortels ignore justement parce que du point de vue du droit elle n'a aucune valeur juridique. La «règle» en question n'est pas née spécialement pour contrer les espoirs des représentants au 8e congrès du FLN qui s'est déroulé les 18 et 19 mars dernier. Elle est née sur ordre de Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, le jour même où il a été désigné comme membre du premier gouvernement présidé par Ahmed Benbitour. En quoi consiste cette règle? Tout simplement à pratiquer une surveillance maladive des partis politiques en général et, depuis quelques semaines, du parti du FLN en particulier. La ruse de Zerhouni, qui n'en est pas à ses débuts, a consisté, dès son installation au Palais du gouvernement, à supprimer purement et simplement l'accusé de réception par lequel l'expéditeur peut se prévaloir d'avoir adressé au ministère de l'Intérieur les documents exigés par la loi dans un délai d'un mois. Que s'est-il passé d'«anormal» dans la direction de M.Brahim Akrouf pour que Yazid Zerhouni perde son self-control et pique une colère qui aurait pu l'incommoder dangereusement? Tout simplement, que le directeur Akrouf, dont on a déjà mis en exergue la probité, n'a pas hésité, cette fois encore, à faire son devoir en apposant le cachet rectangulaire du ministère de l'Intérieur sur le bordereau d'envoi du FLN accompagnant les documents du 8e congrès. Plus que quatre exemplaires exigés par la loi, mais dix en tout. C'est à ce niveau que se situe la source qui a provoqué l'ire du ministre de l'Intérieur quand, constatant qu'il n'y avait plus aucune issue pour vaincre l'inflexibilité de Ali Benflis, Yazid Zerhouni a entrepris de tout tenter, même des coups fourrés, pour atteindre son but. Autrement dit, «invalider les résultats du 8e congrès du parti FLN». Que dire dans ces cas-là, quand on s'aperçoit que la République, telle qu'elle a été administrée ces quatre dernières années, se met subitement à sentir le soufre de la magouille à plein nez? Pourtant partout, à l'Est comme à l'Ouest, dans le Sud comme au Nord, la rue se revendique de plus en plus du FLN de Ali Benflis qui, faute d'avoir été de la partie à l'époque glaciaire où le FLN était condamné à subir le poids abrupt d'un Conseil de la révolution sans imagination constructive, cette même rue se sent aujourd'hui consternée de voir que tout ce qu'on lui a raconté sur la transparence et la démocratie, n'était qu'un leurre destiné à la gaver de frustrations. Quel gâchis ! On avait cru le cerveau de Abdelkader Adherbal Hadjar incrusté de neurones comptant parmi les plus productifs de la planète, force est de constater que l'opinion publique a déchanté en apprenant qu'il n'était, lui-même, qu'un instrument fonctionnant à distance comme une marionnette de cirque. Normal puisqu'on le sait maintenant, Hadjar n'a jamais été autre chose qu'un soutier obéissant à des ordres qui lui viennent d'en haut et dont Yazid Zerhouni ne représente probablement que la partie visible de l'iceberg. Derrière les paravents des marionnettistes, un jeu dangereux est en train d'éclore. Un jeu dont la première victime s'appelle désormais, Brahim Akrouf, tout simplement parce qu'il a voulu servir dignement l'administration de son pays. Aqui le tour?