Les experts comptables ont appelé à la révision de la loi 01-10 régissant cette profession la qualifiant d'inéquitable. Le métier de commissaire aux comptes est-il en danger? C´est en tout cas, ce que pensent les professionnels réunis en congrès hier à l´hôtel d´Alger. Le Conseil national de l´Ordre des experts comptables, des commissaires aux comptes et des comptables agréés a débattu les problèmes de la profession et de son avenir. des spécialistes de la finance sont unanimes: la profession se meurt. Au banc des accusés: l´administration qui aurait mis sous sa coupe la corporation réduite à faire de l´assistanat. Pour beaucoup, l´information financière circule mal et est souvent entachée d´irrégularités qui ont fini par entamer sa crédibilité. Le corporatisme et la mise en application d´une règlementation jugée sélective et discriminatoire limitant l´accès aux métiers de commissaire aux comptes et d´expert comptable, ont aussi, été dénoncés et fait l´objet d´un long débat. Selon un intervenant, «le ministère de l´enseignement supérieur et de la recherche scientifique n´a plus organisé d´examen pour l´octroi de diplôme d´expertise comptable depuis 2001». Du coup, 20.000 stagiaires issus de différents instituts n´ont pas été régularisés à ce jour. Le cercle très restreint des commissaires aux comptes et experts comptables fait que même un diplômé des grandes écoles n´y a pas accès. C´est ce que dit cette femme, commissaire aux comptes, qui ajoute que «récemment, une entreprise nationale a lancé un appel d´offres destiné aux commissaires aux comptes. Pourquoi leur a-t-on exigé un cahier des charges?». La plupart trouvent cela injuste et suggèrent le recours à des critères plus justes et surtout plus équitables pour départager les candidats. Car, dans la pratique, les choses se passent autrement comme a tenu à le souligner, du reste, un expert comptable: «On passe une annonce. On nous exige un cahier des charges, mais tout le monde sait que le choix a été fait par avance.» Les diplômes et leur équivalence ont été également soulevés. Tout en informant les nombreux présents que le premier blocage remonte aux années soixante-dix à cause des divergences apparues à l´époque et ayant opposé les diplômés titulaires du CET à ceux du Cmtc, un participant ne comprend pas pourquoi un diplôme qui a été reconnu par l´université française d´Aix en Provence ne l´est pas en Algérie. D´autres s´insurgent contre la loi relative à l´exercice du métier de commissaire aux comptes et d´expert comptable, votée en juin 2010. Selon eux, cette loi a été élaborée par des gens qui n´ont rien à voir avec la profession. Critiquant les articles 9, 25, 26 et 27, ils interpellent les pouvoirs publics pour une révision de la loi. Prenant la parole, Hamdi Mohamed Lamine, président du Conseil national de l´Ordre, est encore plus critique et croit que l´instance est démunie et ne dispose même pas de ressources financières pour subvenir à ses besoins et assurer son fonctionnement. «C´est grâce à la générosité de certains élus qui ont puisé de leur poche l´argent que cela a permis à l´instance de fonctionner.»