Dû à l'exaspération de la population ou à une résistance organisée, les coalisés sont confrontés à un enchaînement de la violence. La nouvelle opération baptisée «Scorpion du désert» se poursuivait, hier, en Irak où les coalisés se heurtent à des attaques, souvent menées par des petits groupes de deux à trois personnes, comme celle d'hier à Falloujah, où des roquettes RPG ont été utilisées. Que cette recrudescence de la violence soit due au fait de l'exaspération de la population devant l'incapacité des nouveaux maîtres de l'Irak - de dominer la situation et de faire sortir, enfin, le pays de l'incertitude - ou du fait d'une résistance organisée, harcelant les occupants américano-britanniques, le fait est que la situation devient sérieusement préoccupante pour les coalisés. Ces diverses actions, outre les morts et blessés occasionnés aux membres de la coalition, mettent en exergue la difficulté du couple américano-britannique à restaurer la confiance parmi une population traumatisée par les dures retombées d'une guerre dont elle ne voit pas quel parti elle pouvait bien tirer. Les deux opérations enclenchées, contre les dernières poches du baâsisme, n'en montrent pas moins que Britanniques et Américains sont bel et bien entraînés dans un engrenage qui peut se révéler plus coûteux pour les coalisés que ne l'a été la guerre. Selon le commandement central américain, (Centcom), «cette opération («Scorpion du désert») est destinée à identifier et défaire les loyalistes du parti Baâs, les organisations terroristes et les éléments criminels et en même temps à offrir une aide humanitaire». De fait, une aide humanitaire qui tarde à venir, certes du fait de l'insécurité prévalant dans nombre de régions de l'Irak, mais aussi, surtout, du fait de l'inorganisation dont on fait montre les différentes organisations chargées de soulager un peuple aujourd'hui en perdition. En fait, l'Irak est en arrêt de travail depuis la chute du régime de Saddam Hussein, les ministères, les entreprises, les bureaux, semblant en attente d'une décision des coalisés. N'ayant touché aucun salaire depuis plus de deux mois les travailleurs réclament maintenant ces salaires à l'occupant. La guerre contre l'Irak, qui commence à peine à lever son voile sur certains de ses tenants et aboutissants, aura également suscité nombre de questions sur la précipitation de son déclenchement et le bâclage de son organisation. De fait, une polémique s'est ouverte aux Etats-Unis sur les conditions de cette guerre, amenant le président Bush à tancer vertement les historiens «révisionnistes», déclarant à propos de cette guerre: «Ce pays a réagi à une menace représentée par le dictateur irakien. Maintenant, certains aimeraient réécrire l'histoire, je les appelle des ‘‘historiens révisionnistes''». Dans une contribution au Washington Post, un ancien conseiller en matière d'anti-terrorisme, du président Bush, Rand Beers, critiquait l'action américaine estimant la guerre en Irak «unilatérale, (...) mal et pauvrement exécutée», s'interrogeant «pourquoi c'est une priorité (pour Washington), surtout que l'on ne trouve pas d'armes de destruction massive». En effet, demeure toujours ce mystère des ADM introuvables sur la présence desquels les Etats-Unis se sont appuyés pour imposer à la communauté internationale une guerre contre l'Irak plus que jamais injustifiée. Devant l'incapacité des experts et spécialistes américains et britanniques de parvenir à localiser, ou à découvrir, ces armes prohibées, le général américain, Richard Myers, chef d'état-major inter-armes, a appelé les Irakiens à l'aide indiquant: «Dans un pays grand comme l'Irak, le peuple irakien, n'ayant plus peur du régime de Saddam Hussein, devrait nous dire de plein gré où se trouvent les armes de destruction massive», ajoutant: «Le monde doit savoir que l'ancien régime irakien a passé plus d'une décennie à cacher les armes de destruction massive et ses leaders ont réussi à tromper deux séries d'inspecteurs de l'ONU, tandis que nous sommes dans ce pays seulement depuis deux mois», et toujours bredouilles. Si des experts, qui savent quoi chercher et où chercher, n'ont pu découvrire ces ADM, on se demande comment le peuple irakien, tenu à l'écart des affaires du pays, puisse savoir, lui, où se trouvent ces armes introuvables.