Beaucoup de personnes venues lui rendre un dernier hommage parlaient de lui au présent. Ils sont venus de tous les coins d'Algérie. La route menant à la mosquée de Rabia Tahar, à Bab-Ezzouar, était archicomble. Un monde fou, sous un soleil de plomb était là, pour la prière d'El-Djanaza du cheikh Nahnah, président du MSP, décédé jeudi dernier à la suite d'une longue maladie. Hommes, et enfants étaient tous rassemblés dans la rue qui s'est transformée en un gigantesque lieu de prière et de deuil. L'amertume était sur les visages des fidèles. Ils partagent le même sentiment. Celui d'avoir perdu un des hommes les plus actifs dans le monde politique algérien durant les trente dernières années. La masse des milliers de fidèles et de sympathisants du défunt s'est mêlée après la prière aux milliers d'autres gens de tous horizons qui attendaient depuis le matin au cimetière d'El-Alia. Sa dernière demeure. Le cortège funèbre, qui transportait à pied la dépouille mortelle de Mahfoud Nahnah, de la mosquée au cimetière, attirait à chaque pas plus de citoyens venus lui rendre un dernier hommage, causant même d'énormes problèmes aux organisateurs. Au cimetière, toute la classe politique, hauts responsables politiques et militaires était présente. Sauf les représentants du RCD et du MDS qui se sont distingués par leur absence. Ont assisté aux funérailles MM.Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, Karim Younès, président de l'Assemblée populaire nationale, Ahmed Ouyahia, Chef du gouvernement, Larbi Belkheir directeur du cabinet de la présidence, Ali Benflis, patron du FLN, Djaballah du MRN, les responsables d'Ennahda, ainsi que des représentants de plusieurs pays. L'espace du vaste cimetière a difficilement contenu le nombre important de gens. En tout cas ceux qui ont pu y arriver. Plusieurs centaines attendaient dehors. Les personnalités politiques, militaires et civiles suivies des journalistes, commençaient petit à petit à se fondre dans la masse impressionnante, qui se rassemble dans un silence lourd. Il était 14h30, lorsque la dépouille mortelle du cheikh, est arrivée. Beaucoup parlaient de lui au présent en évoquant les vertus et les valeurs de l'homme. «Il était l'un des plus célèbres prédicateurs et un des partisans de la réconciliation nationale», indique un jeune. D'autres évoquaient ses capacités dans la langue, son esprit de synthèse et son sens de l'humour. D'ailleurs toutes les images du cheikh portées sur les centaines de cars transportant les sympathisants représentent son sourire éternel. La désolation était arrivée à son paroxysme lors de l'exhumation de la dépouille. Auparavant, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, M.Bouabdallah Ghlamallah, avait lu, au nom du Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, une oraison funèbre, dans laquelle il a évoqué les qualités du défunt, rappelant qu'il était l'un des partisans de l'unité des Algériens, toutes obédiences confondues. «Le défunt avait fait honneur à l'Algérie par ses positions dans le concert des nations, faisant face aux ennemis qui ont essayé de ternir l'image de l'Algérie», précise le texte de l'oraison.