le meeting a pris l'aspect d'un grand rendez-vous d'adieu et de reconnaissance à l'oeuvre titanesque de l'homme. Blida, ville natale du cheikh, a organisé, lundi soir, au stade Hammoud-Daïdi, un grand meeting populaire en hommage à son enfant prodige à l'occasion du 3e jour de sa mort survenue jeudi dernier, à l'âge de 62 ans. La ville des Roses s'était préparée à cet événement pour accueillir ses invités de marque, parmi les personnalités, hommes politiques, diplomates et cadres du parti du MSP, ainsi que la nombreuse affluence de militants et de sympathisants venus de toutes les wilayas. Si en apparence, le meeting a pris l'aspect d'un grand rendez-vous d'adieu et de reconnaissance à l'oeuvre titanesque de l'homme, qui dorénavant fait école dans la pratique politique d'un islamisme version soft, il n'en demeure pas moins qu'il a eu lieu sur un fond de guerre de succession, largement visible à travers les différentes interventions. Les intervenants ont été unanimes pour souligner l'apport de cet homme exceptionnel dans l'instauration de la démocratie plurielle en Algérie, en se distinguant premièrement par ses positions versées sur le compromis, la tolérance et l'ouverture d'esprit dans l'intérêt supérieur de la nation et du pays, en s'éloignant ensuite des idées dogmatiques et en se plaçant à côté des autres forces nationalistes tous courants confondus pour combattre avec courage et foi les extrémismes, le terrorisme et la violence commis au nom de la religion. Sur ce plan, cheikh Nahnah demeure une référence et une source d'inspiration en faisant école, non seulement en Algérie, mais dans le monde, notamment, arabo-islamique et les communautés islamiques en Occident. C'est ce qui explique la forte présence à Blida de délégations étrangères représentant la mouvance islamique, version soft, qui fait sien l'exemple de l'expérience du Mouvement du cheikh Nahnah qui a su s'intégrer entièrement au jeu politique en Algérie en jouant les premiers rôles. Sur ce plan, les dirigeants de partis et associations islamistes modernistes ont tenu, outre l'hommage rendu à Nahnah, à exprimer leur souhait que l'élan créé par son mouvement continue et progresse en évitant les divisions et les déviations. Parmi les intervenants les plus en vue, il y a lieu de relever le fils du fondateur du mouvement des Frères musulmans, Abdallah Hassan El-Benna, les représentants de la résistance libanaise, du mouvement du travail islamique jordanien, de l'Union des associations islamiques européennes. Les mouvements islamiques de Tunisie et du Maroc, qui suivent avec intérêt et attention ce qui se passe à leurs frontières, ont également dépêché une forte délégation. Même la Syrie baâthiste et laïque, qui s'intéresse de près au modèle d'intégration islamiste du cheikh Nahnah, dans le but de mieux encadrer leurs mouvements et les empêcher de verser dans la violence et l'intégrisme, a marqué de sa présence cet événement en faisant lire un message du parti baâthiste. Ainsi, la ville des Roses a été, l'espace d'un jour, capitale de l'islam international version soft. Le même souci de voir le mouvement du cheikh Nahnah a été constaté avec force chez les cadres et proches du parti MSP pour lui éviter une cassure désagréable. Tenant compte de ces enjeux, le premier responsable par intérim du MSP, M.Megharia, est justement efforcé de faire un discours protocolaire de circonstance en retraçant en premier, les grandes idées et réalisations de l'homme aussi bien pour le mouvement partisan que celui pour la cause nationale et la promotion des idéaux islamiques. En face de lui, on relève la présence remarquable des successeurs potentiels du cheikh dont en premier lieu Bouguerra Soltani, Mokri et Dane. Il va s'en dire que la succession se décidera entre ces quatre figures qui arrivent à émerger du lot des prétendants, avec une légère tendance pour Soltani, vu son caractère mobilisateur. Les formations politiques et organisations nationales étaient venues en force à ces adieux, à l'exception des représentants de la mouvance laïque connue pour son hostilité au cheikh. Le même constat a été relevé à travers leurs interventions pour souhaiter une succession sans heurts. Ils ont salué en l'homme, son esprit participatif fait de compromis et de sagesse. Le Président de la république a délégué M. Belkhadem qui a prononcé un discours remarquable qui résume le sentiment général. En filigrane, on lit aussi le souci de la présidence de voir ce mouvement islamiste régulateur dégager un challenger crédible aux prochaines élections.