La deuxième conférence des chef d'Etat et de gouvernement de l'UA s'ouvre aujourd'hui à Maputo. Le Président de la Ré-publique, Abdelaziz Bou-teflika, est depuis hier à Maputo capitale du Mozambique. Il prend part aux travaux du 2e sommet de l'Union africaine (UA) qui se déroulera du 10 au 12 juillet courant. Les 52 Etats membres de l'Union africaine, -non compris le Maroc qui a quitté l'OUA en 1984-, ont ratifié l'Acte constitutif du nouvel organisme africain, l'UA, mieux adaptée aux défis qui se posent au continent et donnant à l'Afrique les moyens de concevoir un nouveau départ en phase avec les évolutions de ces dernières décennies. De fait, à petits pas certes, l'Afrique s'adapte de mieux en mieux aux normes de la bonne gouvernance et aux bases de la démocratie, comme l'ont montré les changements en douceur, intervenus ces deux dernières années, notamment au Sénégal, au Mali et au Kenya. En vérité le développement ou plutôt la sortie du continent du sous-développement, avait un prix, et ce prix c'était la prise de participation des citoyens, autant aux choix des dirigeants qu'à celui du concept de pouvoir et de gouvernement. Sans doute que, ici et là, en Afrique, comme au Togo -ou l'inamovible président Gnassingbé Eyadema, s'est encore fait «réélire» en juin pour un nouveau mandat, après 36 ans de pouvoir sans partage-, la notion de démocratie est dénaturée, les nouvelles règles de la gouvernance participative incomprises, qui font qu'il y a toujours ce relent de pouvoir monolithique qui fit la triste réputation du continent. Or, l'Afrique a aujourd'hui surtout besoin d'hommes neufs, d'hommes capables de prendre à bras-le-corps la mise à niveau d'un continent qui a beaucoup de retard à combler, qui a besoin d'une autre vision du pouvoir pour, à tout le moins, parvenir à résorber les retards politiques et économiques accumulés au long de ces décennies où des hommes providentiels ont joué avec le devenir du continent devenus propriété d'hommes «forts» sans foi ni loi. On n'efface sans doute pas facilement des décennies de dictature, mais des expériences ici et là en Afrique, permettent de croire que l'avenir du continent n'est pas totalement bouché, et les démocraties qui ont émergé en Afrique, attestent, même si elles se comptent sur les doigts d'une seule main, -sur les 53 pays que compte le continent-, qu'une brèche est en train de se faire dans le pouvoir monolithique qui a écrasé et étouffé l'expression libre depuis les indépendances. Mais lentement et sûrement, l'Afrique rejette les oripeaux de la dictature pour enfin donner à ses enfants de pouvoir contribuer au développement de leur continent, comme ils le font si bien en Occident, faisant profiter l'industrie et l'économie occidentales de leurs connaissances et savoir-faire. Les dictatures africaines ont fait fuir les cerveaux dont l'Afrique avait un besoin vital, la démocratie et la bonne gouvernance peuvent constituer demain, la raison qui incitera au retour de ces cerveaux dont la présence est indispensable au décollage politique et économique de leurs pays, c'est-à-dire de l'Afrique. C'est en vérité le challenge essentiel de l'Union africaine dont les priorités ne peuvent qu'être l'instauration de la démocratie condition, sine qua non, du développement économique et social. Lorsque l'on songe que 60% de l'énorme dette africaine est constituée par l'achat, inconsidéré, d'armes de toute sortes et de tout calibre, on peut alors mesurer le gâchis africain. Une récente étude de l'ONU montre même que les pays africains sont positionnés aux toutes premières loges, quant à l'achat des armes de poing et de moyenne portée. Ceci explique sans doute cela, qui fait que parmi les innovations qui accompagnent la création de l'Union africaine, figure le Conseil de paix et de sécurité de l'UA CPS/UA. Toutefois, il est curieux de relever que seul sept pays, dont l'Algérie, ont, jusqu'à hier, ratifié le protocole du CPS/UA. Ce qui dénote que les Africains, en dépit de leurs déclarations sur la sécurité de l'Afrique, et en faveur de la prévention des conflits, qui reste l'une de ses plaies, s'en tiennent encore, et toujours, au quant à soit. De fait, pour que l'Union africaine puisse intervenir efficacement là où les situations conflictuelles l'appellent, il faut que le Conseil de paix et de sécurité soit opérationnel. Ce qui est loin d'être le cas, dans la mesure où le texte constitutif du CPS doit être ratifié par la moitié plus un, soit 27, des pays membres de l'UA. L'une des conséquences est que c'est à l'Union européenne, qu'échue la charge de fournir les forces multinationales d'interposition à Bunia en RD du Congo, en lieu et place de l'UA à laquelle revenait cette mission. Il faut maintenant que les Africains mettent leurs actes en adéquation avec leurs paroles, ce qui ne fera que contribuer au crédit attendu du nouvel organisme, qu'est l'Union africaine. L'élection aujourd'hui du président de la Commission africaine et des huit Commissaires africains, en dotant l'UA d'une administration permanente, lui donnera le cadre où l'Afrique pourrait enfin se réaliser par l'élimination, peu à peu, du poids des monolithismes et des obstacles qui ont, tout au long des décennies, freiné son évolution et son émancipation.