Les groupuscules extrémistes marocains donnent d'eux l'image d'être les «clones» de leurs voisins algériens des années 1990. Pas moins de vingt personnes, dont un policier, présumées activistes de la nébuleuse terroriste ont été arrêtées avant-hier à Rabat. Elles sont soupçonnées d'avoir projeté l'assassinat de personnalités politiques et sécuritaires et d'attaquer certains sites importants dans la capitale du royaume. Selon un communiqué émanant du procureur général du roi auprès de la cour d'appel de cette ville, ces suspects seraient membres du mystérieux mouvement intégriste extrémiste de la Salafya Djihadia. Toutes de nationalité marocaine et âgées entre 19 et 54 ans, ces personnes auraient constitué d'après le communiqué du procureur, une organisation clandestine comprenant plusieurs cellules réparties entre les quartiers de Salé à Rabat. Leur objectif était également de braquer des établissements financiers afin de financer des opérations terroristes. Ces arrestations entrent dans le cadre des premiers résultats de l'enquête sur les attentats meurtriers du 16 mai dernier qui ont fait rappelons-le, 44 morts et une centaine de blessés. Les investigations sur ces attentats ont conduit depuis lors à l'inculpation d'au moins 187 personnes dans les milieux intégristes. Le plus grave c'est que ces captures d'éléments islamistes activistes ne se confinent pas à une ville ou à une autre, mais elles tendent à se généraliser à plusieurs agglomérations et localités du pays et deviennent depuis quelque temps très fréquentes et rapprochées dans le temps. Ainsi, pour ne citer que les plus importantes prises des services de sécurité marocains de ces derniers jours, il faut savoir qu'outre ces arrestations de Rabat, trois autres individus ont été déférés le même jour devant le juge d'instruction de la cour de Casablanca. En outre, plusieurs dizaines d'autres membres de mouvements dits extrémistes intégristes ont été interpellés et présentés devant la justice à travers plusieurs villes marocaines (19 membres présumés du groupe Hijra Oua Takfir à Taza, 28 de la Salafya Jihadia à Fès, etc.). A Agadir, un homme de 22 ans qui serait un militant islamiste de Daâwa Wa Tabligh, s'est introduit dans un camping international, et, dans un excès de violence, a poignardé et blessé à l'arme blanche 7 personnes - dont 4 sont dans un état grave avant de se donner la mort. Dans le même temps, 31 éléments appartenant dit-on à la Salafya Jihadia sont jugés depuis le 4 juillet dernier devant la cour d'appel de Casablanca dont le procureur a requis contre eux la peine capitale. Au total, tous ces éléments sont accusés de diverses charges allant de l'incitation à la violence, à la constitution de bande criminelle en passant par le vol qualifié, les coups et blessures et la collecte de fonds sans autorisation. Autrement dit, par leur discours idéologique, leur activisme violent sur le terrain et leurs cibles et objectifs, les extrémistes marocains sont dans la même configuration que leurs voisins algériens qui avaient essayé cette voie dans le milieu des années 1990. Le scénario est tellement identique que nombre d'analystes des affaires de ce pays ne semblent plus écarter une dégradation de sa situation sécuritaire et de son image de marque à l'extérieur. Ils veulent pour preuve de ce pessimisme, les craintes de la baisse d'activité de l'ordre de 40 % pour 2003 émises par les agences de voyages marocaines et le reflux de 8% (au mois de mai dernier) du flot de touristes occidentaux à destination du royaume chérifien. Tout cela sur fond d'une échéance électorale qui s'approche rapidement, les élections communales du 12 septembre prochain, pour lesquelles le parti islamiste Justice et Développement (PJD),- qui a déjà réalisé une importante percée électorale lors des législatives de septembre 2002 -, a confirmé sa participation. En somme le vivier islamiste marocain est d'autant plus présent sur le devant de la scène, que les rapports entre le palais royal et la société civile dite démocratique (journaliste notamment) sont des plus exécrables.