«D'autres affaires autrement plus graves éclateront dans les prochains jours.» Les récentes précisions apportées par le P-DG de la Bcia, révélées au cours d'une conférence de presse, organisée samedi dernier, au siège de la direction de la banque, ont fait réagir certains économistes qui ont cru déceler des contre-vérités qui enfoncent plus qu'elles ne défendent cette institution bancaire privée. Un cadre de la BEA n'ira pas par trente-six chemins pour mettre au défi la direction de la Bcia de prouver qu'elle avait réellement établi les traités avalisés sur la base de solides garanties apportées par les clients, aujourd'hui objet d'une interdiction de sortie du territoire national. Notre source ne manquera pas de préciser que l'affaire de la Sotrapla, autour de laquelle la Bcia veut bâtir sa défense, n'est, en fait, que la partie visible de l'iceberg. «D'autres affaires autrement plus graves éclateront dans les prochains jours, et je vois mal comment la Bcia pourrait se défendre, car la Banque d'Algérie a déposé plusieurs plaintes auprès des tribunaux et non une seule», dira notre source. Notre interlocuteur se montrera plus loquace quand il reviendra sur les garanties déposées au moment de la création de la Bcia. Pour lui, le montage financier et le dépôt de garantie ont fait l'objet de manipulation, puisque les biens réservés comme hypothèque, en cas de faillite de la banque, ne valent pas 50 millions de dinars comme l'exige la loi. «Les estimations ont été gonflées et, aujourd'hui, la valeur immobilière des biens de Kharroubi se retrouve démesurément gonflée», dira notre source qui ne manquera pas de souligner que la loi sur la monnaie pourrait être un outil infaillible pour prouver qu'au départ, il y a eu maldonne. Notre source ne se montrera pas avare en détails techniques pour prouver que la loi a été bafouée au départ. Il évoquera ce que les financiers appellent les capitaux appelés. C'est-à-dire qu'au moment de la capitalisation de l'entreprise, les associés promettent de verser leur quote-part dans le capital social de la Sarl ou de l'Eurl. Certains associés n'ont pas tenu cette promesse. La banque s'est acquittée, par la suite, de cette obligation en puisant dans les dépôts des clients. Cette situation a été annulée par la nouvelle loi sur les crédits et la monnaie qui oblige les propriétaires des banques privées à apporter toutes les garanties avant tout début d'activité. Un autre banquier d'Oran n'ira pas avec le dos de la cuillère pour révéler que la Bcia est fautive à plus d'un titre, et qu'elle a participé à l'hémorragie de l'économie nationale et à la fuite de capitaux vers l'étranger. «Malgré le scandale qui vient de la frapper je suis sûr qu'ils n'ont même pas inclus le nom de la Sotrapla dans la liste des mauvais clients qui ne doit même pas exister au niveau de cette banque», dira-t-il. Il ressort de ses propos que cette affaire aurait pu être réglée à l'amiable ou en puisant dans les fonds des capitaux pour créances douteuses qui sont un chapitre reconnu, à l'échelle mondiale, dans la comptabilité des banques respectables. Finalement, le scandale de la Bcia vient de démontrer les faiblesses de notre système bancaire, d'une part, et mis à nu les prétentions de certains qui s'étaient proclamés investisseurs pour jouir de largesses souvent au détriment du Trésor public. Oran a servi, ces dernières années, de machine à récurer pour blanchir un argent sale. Au lendemain de l'apparition du phénomène du terrorisme, des fortunes se sont constituées dans un laps de temps très court. Les banques, souvent de par leur vocation de caisse de dépôt, reçoivent des fonds sans en demander l'origine. Certes, cette mission est dévolue à d'autres services de contrôle, mais plusieurs mouvements de fonds, le plus souvent suspects ont été effectués sans que cela n'émeuve personne. Des crédits ont été débloqués et rares sont les investissements qui ont généré un bénéfice pour la ville. A Oran, on n'hésitait pas à dire, durant ces années rouge sang, que l'Etat est généreux et que pour le plumer, il suffit d'une bonne connaissance des rouages du système bancaire, un dossier préfabriqué et du cran. De l'argent est ainsi tombé dans l'escarcelle de voyous en col blanc, qui ont profité de toutes les opérations lancées par les pouvoirs publics. Après El-Khalifa, c'est aujourd'hui le tour de la Bcia de défrayer la chronique et on n'hésite pas à assurer que les prochains risquent d'être riches en rebondissements même si certains veulent à tout prix étouffer le scandale qui vient d'éclater.